Dorante, Valet, Corneille, personnage, badinage, galanterie, préciosité, jeu du hasard, liaison, Lucrèce, Clarice, séduction
Dans la première scène de l'acte I, venu de Poitiers, Dorante a fait part à son valet parisien Cliton de son désir de « gouverner les dames » (v. 21). Son interlocuteur l'a rassuré : il y a dans la capitale des « femmes de bien qui se gouvernent mal » (v. 48) et Dorante n'en « [est] pas à son apprentissage » (v. 54). Il a recommandé à son maître d'être habile dans la façon de donner des cadeaux (v. 90). Après la théorie, la scène 2 montre la pratique. En effet, la liaison entre les deux scènes indique l'arrivée de deux « dames » (v. 98). On verra que ces deux femmes, au sujet desquelles Cliton va faire parler leur cocher, ne répondent pas à deux catégories établies par Cliton : elles ne sont pas de ces femmes que l'argent rend « traitables à tous » (v. 40), de celles dont la vertu « [n]'est pas incompatible avec un peu de vice » (v. 50). Appartiennent-elles à celle des « sages coquettes » (v. 41) ? La question se pose pour Clarice, Lucrèce demeurant muette et n'étant pas courtisée.
[...] Dans les deux cas, la jeune fille accepte facilement de parler à un inconnu, signe d'une certaine disponibilité. On peut donc penser que la feinte ( et comme ) fait partie d'une volonté de séduction. De façon révélatrice, Corneille ajoute un élément par rapport au texte espagnol, un cri : Aye ! . Censée exprimer la douleur, l'exclamation sert à attirer l'attention. Le mot hasard est utilisé deux fois. D'abord au vers 111 : Il est vrai, je le dois tout entier au hasard . [...]
[...] Mais son intérêt principal réside dans le dialogue délicat, empreint de préciosité. Le Menteur préfigure ici Le Jeu de l'amour et du hasard et l'on pourrait appliquer à ces échanges le jugement drôle et sévère de Voltaire à propos de Marivaux : il des œufs de mouche dans des balances en toiles d'araignées . Le spectateur y retrouve l'atmosphère des salons mondains. Clarice peut être qualifiée de coquette : elle est enjouée et aime à jouer le jeu de la séduction tout en s'en défendant. [...]
[...] Elle plaide pour la gratuité de la faveur, pour le pur plaisir qu'elle procure et qu'elle fait ressentir. Il n'y a rien de tel dans l'original. Corneille se fait l'écho des débats qui avaient lieu dans les salons. Opportuniste, Dorante tient à la rassurer et oriente son propos dans le même sens que le propos féminin : Aussi ne croyez pas que jamais je prétende/Obtenir par mérite une faveur si grande (v. 129-130). Tentant de reprendre la main (au sens figuré), en homme habitué à faire sa cour, il utilise l'ancienne métaphore de la flamme amoureuse : Jugez par là quel bien peut recevoir ma flamme (v. [...]
[...] Il s'agit de forcer le destin en faisant se rencontrer des personnages pour que l'action évolue. Ici il la déclenche, c'est la crise d'impulsion. Le spectateur ne le sait pas encore, mais Clarice est précisément la jeune fille que le père, Géronte, entend faire épouser à son fils Dorante. Le hasard fait bien les choses en conduisant ce petit monde au même moment dans le jardin des Tuileries. S'il est un coup de pouce donné à la rencontre amoureuse, le hasard prend aussi la forme d'un croc-en-jambe. [...]
[...] Ce qui est vrai, c'est qu'il croise Clarice de façon fortuite. La seconde occurrence du mot hasard permet de mettre en lumière le badinage qui repose sur des jeux d'esprit et qui caractérise le dialogue des deux aristocrates. BADINAGE, GALANTERIE ET PRÉCIOSITÉ Outre la rencontre, en effet, le hasard est responsable de la prise de la main qui, de ce fait, n'est pas une victoire selon Dorante qui affirme que son cœur murmure d'avoir reçu cette faveur sans que Clarice l'ait décidé de son propre chef : Il se plaint du malheur de ses félicités,/Que le hasard lui donne, et non vos volontés (v. [...]
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