François-René de Chateaubriand a écrit les Mémoires de ma vie de 1809 à 1822, jusqu'à l'âge de trente ans. Cette œuvre littéraire s'inscrit dans la première partie de son ouvrage autobiographique célèbre : "Mémoires d'Outre-tombe". Les Mémoires de ma vie sont décrites comme une « littérature de l'intime » car l'auteur s'y dévoile et tente d'expliquer et de comprendre sa personnalité en revenant sur ses origines et son enfance.
Chateaubriand réfléchit dans cette première partie de ses Mémoires sur l'éducation, dans un contexte d'après Révolution, où les châtiments corporels étaient encore très présents malgré les prémices d'interdiction des sanctions corporelles dans les écoles parisiennes en 1793. L'extrait des Mémoires de ma vie que nous nous proposons d'étudier ici relate un épisode d'enfance de l'auteur, alors qu'il bravait les interdictions de son préfet, l'abbé Egaux, et qu'il en subissait les conséquences.
Comment se manifestent, dans cet extrait, les violences et châtiments corporels au sein de l'institution scolaire ? Nous répondrons à cette question à travers l'objet de la punition, puis le châtiment correspondant, et pour finir, un milieu « violentogène ».
[...] Il était expressément défendu de monter sur les arbres pour y dénicher des œufs d'oiseaux précise l'auteur, mais le désir de braver l'interdiction va crescendo lorsqu'ils aperçoivent un nid de pie perché en haut d'un arbre. Ici commence l'entreprise qui va faire l'objet d'une punition de l'auteur. Il semblerait que l'interdiction d'origine amène les enfants à vouloir les contourner : l'ordre était si sévère, le régent si près, l'arbre si haut ! (l12). Et ils sont tous en admiration devant le désir de saisir une si belle proie (l11). Les enfants savent donc d'avance ce qui les attend, ils sont mis en garde, mais le désir de braver les interdits l'emporte. [...]
[...] "Mémoires de ma vie", Chateaubriand - la punition Sommaire Introduction I L'objet de la punition II Le châtiment qui en découle III Un milieu violentogène Conclusion et bibliographie François-René de Chateaubriand a écrit les Mémoires de ma vie de 1809 à 1822, jusqu'à l'âge de trente ans. Cette œuvre littéraire s'inscrit dans la première partie de son ouvrage autobiographique célèbre : Mémoires d'outre-tombe. Les Mémoires de ma vie sont décrites comme une littérature de l'intime car l'auteur s'y dévoile et tente d'expliquer et de comprendre sa personnalité en revenant sur ses origines et son enfance. [...]
[...] Le souvenir de leur rigueur m'est presque agréable. Ce n'est qu'en 1887 que les châtiments corporels sont interdits en province, ce qui est une conséquence de la suppression du marquage des bagnards (1832), mais aussi de la fin de l'exposition des condamnés (1848), techniques d'humiliations publiques. Aussi, progressivement ce n'est plus le corps physique qui est châtié, mais le corps symbole (Jean Claude Caron, La sanction à l'école : pour une histoire des rapports de classe on préférera les exclusions ou des privations plutôt que des châtiments corporels. [...]
[...] L'abbé frappe l'enfant de coups de verge et le jeune Chateaubriand se débat comme il peut. L'affaire se termine chez le principal qui conclut une suppression de sanction et l'honneur sauvé de l'enfant, grâce à ses remerciements, mais peut-être aussi en conséquence de la rudesse du châtiment préconisé. L'institution scolaire décrite ici semble donc bien être le lieu de violences constantes et de châtiments démesurés qui humilient les élèves et font des instituteurs des bourreaux comparés à ceux de notre époque. [...]
[...] C'est une punition humiliante pour l'enfant. Peur de la honte et du déshonneur dû à ce châtiment Le châtiment prévu ici est directement en relation avec l'erreur de l'enfant. En effet, dans la première partie de ce récit, le jeune Chateaubriand est fier de montrer à ses camarades son courage et l'exploit qu'il accomplit en étant le seul à monter à l'arbre, c'est un honneur (l13). Ensuite, l'abbé menace de le fouetter devant toute la classe, c'est donc en totale contradiction avec ses actes passés : il a peur du regard de ses camarades et préfèrerait mourir plutôt que d' avoir à rougir devant les hommes (l33) : Je ne doute point que si cet homme m'eut annoncé qu'il commuait la peine du fouet contre celle de la mort, je n'eusse éprouvé une véritable joie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture