La laideur de Mirabeau, Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, Livre III - Chapitre 3
Commentaire composé semi-rédigé de l'extrait "La laideur de Mirabeau..." tiré du chapitre 3 du livre III des Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand.
[...] produire une sorte de figure". Cette préférence pour la méthode analogique suggère que, pour l'auteur, Mirabeau est beaucoup plus que Mirabeau : c'est une allégorie - Talleyrand, quant à lui, sera le principe de la corruption et de la mort. Un héros des temps modernes : dans les dernières lignes du chapitre, Chateaubriand décide de "s'arrêter à Mirabeau" parce qu'il "résume et domine" tous les députés de l'Assemblée constituante, c'est-à-dire la Révolution en marche, l'importance et le génie historique des élus du peuple. [...]
[...] "L'énergie" est tirée des "vices", les "vices" portent sur des "passions profondes, brûlantes, orageuses". Qui l'emporte ? Du positif ou du négatif ? Ou plutôt le ressort fondamental de ce clair-obscur moral, c'est encore, la puissance : les mots "énergie", "passions", (au sens cornélien ou cartésien, ou, déjà romantique) renvoient à une vitalité extraordinaire, une "vertu" qui n'est donnée qu'aux grandes âmes. Un Robespierre, un Talleyrand sont des "tempéraments frigides", donc des êtres petits et mesquins, capables tout au plus de "turpitudes". [...]
[...] "J'idéalise les personnages réel et personnifie les songes, déplaçant la matière et l'intelligence". Dans les particularités physiques, il faut voir les traits saillants d'un caractère, qui en découlent logiquement. Dans les deux domaines le portraitiste doit choisir, éliminer, styliser, schématiser, par le biais des comparaisons et des métaphores, Mirabeau devient un "lion", animal emblématique de la force, de la puissance et de l'énergie, de la suprématie aussi. Le procédé est habituel chez Saint-Simon, mais Chateaubriand insiste en filant la métaphore : "Sa crinière . [...]
[...] Autre impression, de puissance : un physique signe de la fresque du Jugement dernier, avec ses figures colossales et tourmentées. "La nature" s'est faîte la rivale de Michel-Ange, elle qui a "moulé . taillé", termes de sculpteur, cette tête et ces bras. "Une sorte de puissante figure" de Titan, statufié par le poète : "Sombre, laid et immobile". Un personnage aussi fascinant qu'inquiétant, presque démoniaque, comme le suggère la comparaison de ses cicatrices avec les "escarres laissées par la flamme". [...]
[...] Le cynisme des moeurs ramène dans la société, en annihilant le sens moral, une sorte de barbares ; ces barbares de la civilisation, propres à détruire comme les Goths, n'ont pas la puissance de fonder comme eux : ceux-ci étaient les énormes enfants d'une nature vierge, ceux-là sont les avortons monstrueux d'une nature dépravée. Analyse Le portrait moral Un portrait littéraire est une description. Chateaubriand, contrairement à un Balzac, n'attache guère d'importance aux traits physiques du modèle, il entend surtout en percer le secret moral. A. Quel physique ? [...]
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