Le troisième livre de la Première partie s'ouvre, à la date de juillet 1817, sur un constat désenchanté : que reste-t- il de l'Empire, désormais « abîmé » comme une « immense ruine » ? Quant aux illusions monarchiques de Chateaubriand, ne sont-elles pas évanouies dès le début de la Restauration ? Et pourquoi reprendre la plume ? Le mémorialiste réside pour l'heure au château de Montboissier, sur les confins de la Beauce et du Perche : peu de choses subsistent de l'ancienne demeure et le parc est à l'abandon. (...)
[...] La dialectique des deux mémoires : Si euphorie il y elle est de courte durée. L'emportent presque aussitôt l'amertume, la déception à constater l'ambiguïté, pour ne pas dire la fausseté du miracle et même la nature maléfique du souvenir. La fuite du temps : Quelques six lignes seulement sont consacrées à la réminiscence dans cette célèbre page ; Et comme en retrait, de surcroît, par rapport au thème dominant : Les heures fuient et m'entraînent 24) : présents gnomiques, concision lapidaire d'une sentence sans appel. [...]
[...] Le carpe diem devient l'aiguillon de la création littéraire. L'image, traditionnelle et filée, de cette navigation qu'est la vie, assimile les Mémoires ou plutôt le journal, tenu au jour le jour, à quelques bouteilles à la mer, qui sauvera le naufrage de l'oubli. Et le flux de la proposition finale, du temps qui s'écoule, parvient à se faire cadence harmonieuse, victoire ultime de l'art. Ce n'est pas un hasard si le chant de la grive prélude aux chapitres les plus inspirés de la Première Partie, ceux consacrés aux journées et soirées de Combourg, ce rivage enchanté Conclusion : Proust cite cette page dans Le Temps Retrouvé : la grive de Montboissier a joué pour Chateaubriand le même rôle, décisif, que la fameuse madeleine trempé un soir dans une tasse de thé et ressuscitant sur-le-champ l'enfance à Combray. [...]
[...] L'adolescent aimait les promenades solitaires, les couchers de soleil, propices aux rêveries. Le parc à l'anglaise de Montboissier, avec ses taillis et ses charmilles peut rappeler les arbres, la futaie de Combourg, la tour d'Alluyes le donjon où couchait Chateaubriand. La nature même semble conspirer à cette superposition des lieux et des temps, puisqu'en ce jour de juillet le ciel d'automne, le vent froid ressuscitent la saison préférée, celle des joies et des délires Il n'est pas jusqu'à cette femme célèbre, maîtresse d'Henri IV, qui ne puisse évoquer la Sylphide, la fantôme d'amour Et même état d'âme chez l'adulte et l'adolescent : J'étais triste de même qu'aujourd'hui 15). [...]
[...] Lecture analytique Mémoire d'Outre-tombe de Chateaubriand Hier soir, je me promenais seul ID FDL : 609 Mémoires d'Outre-tombe» de Chateaubriand : Hier au soir, je me promenais seul . Sommaire Introduction Situer le passage Dégager des axes de lecture : Les jeux de la mémoire II) Le dialecte des deux mémoires Conclusion Travail Hier au soir je me promenais seul [ ] Introduction : Situer le passage : Le troisième livre de la Première partie s'ouvre, à la date de juillet 1817, sur un constat désenchanté : que reste-t- il de l'Empire, désormais abîmé comme une immense ruine ? [...]
[...] Les répétitions de mots tristesse félicité l 16- les effets de symétrie et de parallélisme dans la construction des phrases ne sont que des leurres. Le même 21) ne peut dissimuler l'implacable loi : tout change, tout est mobile, en devenir, donc fugitif, périssable. Toute vie n'est qu'une succession de morts, les moi se suivent, chaque fois étrangers l'un à l'autre, chaque fois naufragés, abolis, rejetés à jamais dans le passé. A la tristesse née d'un désir vague de bonheur 16) ne peut être rattachée celle qui vient de la connaissance des choses appréciées et jugées les illusions de la jeunesse ne peuvent l'être au désenchantement de l'âge mûr, et pas d'avantage la félicité que je croyais atteindre à la félicité insaisissable 20-22). [...]
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