Les Mémoires d'Hadrien, de Marguerite Yourcenar, ont été publiées en 1951. L'auteur a choisi l'empereur romain Hadrien et a inventé ce que ce personnage aurait pu dire sur sa vie.
Dans l'incipit, Hadrien s'adresse à Marc, son successeur en lui expliquant qu'il va bientôt mourir. Nous nous demanderons en quoi ce début de roman est à mi-chemin entre une autobiographie fictive et une lettre philosophique qui entame une réflexion sur la vie.
Tout d'abord, de « je suis descendu ce matin chez mon médecin » à « amalgame de lymphe et de sang », l'empereur narre son examen médical. Ensuite, de « ce matin, l'idée m'est venue pour la première fois » à « j'ai soixante ans », Hadrien entame une réflexion sur le corps. Enfin, de « Ne t'y trompe pas à » à « ma maladie mortelle », il s'interroge sur la proximité de sa mort.
[...] Le fait de savoir qu'il est condamné enlève une incertitude finalement rassurante sur les conditions de la mort. Conclusion : Ainsi, dans ce texte autant autobiographique que philosophique, l'empereur Hadrien s'adresse à Marc avant mourir. Dans la suite de l'œuvre, il fera une rétrospection de sa vie. Marguerite Yourcenar dira elle-même dans ses Carnets de Notes qu'il est beaucoup plus logique d'avoir créé une autobiographie à l'aube de la mort du personnage plutôt que d'avoir inventé un journal ; en effet un homme d'action n'a pas le temps d'écrire un journal ; c'est justement avant sa mort qu'il se pose la question du sens de sa vie. [...]
[...] Tout cela est résumé en quelques mots : il s'agit d'une “tentative pour me cacher ma mort”. Le personnage fait alors preuve d'une grande philosophie ; il refuse les discours tout faits et accepte la triste vérité : il va bientôt mourir. Cela ne l'empêche pas de faire l'éloge du médecin grâce à l'énoncé de ses qualités à travers la juxtaposition grâce aux points virgules : “savants ; il est même sage ; sa probité”. Le paradoxe plus soigné des malades” montre par le superlatif qu'Hadrien est extrêmement bien pris en charge, mais il reste condamné. [...]
[...] L'idée d'acceptation, qui montre une certaine pointe de stoïcisme (accepter les choses telles qu'elles sont, sans chercher à lutter contre si l'on ne peut rien faire), -doctrine à laquelle adhérera Marc- Antoine, le destinataire de la lettre- nous montre un homme d'une grande sagesse. Cet homme s'interroge sur l'expression les “jours sont comptés” qui n'a pas de sens. En effet la mort est de l'aboutissement de toute vie humaine, donc tout le monde est dans ce cas. Il distinction sa situation des autres ; en effet, sa façon de mourir est de plus en plus certaine. [...]
[...] La proposition suivante : j'ai soixante montre la cause de tout cela : à partir d'un certain âge, le corps s'affaiblit. III. De t'y trompe pas à maladie mortelle” : la mort est proche L'expéditeur n'oublie pas le destinataire du message comme en témoigne la phrase au présent de l'impératif à la forme négative : t'y trompe pas”. Si le paragraphe précédent révélait qu'il n'y avait aucun espoir, Adrien précise il ne connait pas la peur non plus. Ces deux éléments sont “absurdes”. [...]
[...] S'ensuit une simple description des éléments nécessaires à un examen médical (tousser, respirer, retenir son souffle). Il est sous-entendu dans ce passage que la pudeur du destinateur a été touchée ; il n'a pas pu garder entièrement sa dignité empereur et même sa qualité d'homme L'emploi du présent de vérité générale permet de dépasser la simple narration pour exprimer une réflexion générale sur la perte dignité de dignité que l'on peut ressentir chez un médecin, d'autant plus lorsqu'on est prêt à mourir et que notre corps nous lâche. [...]
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