L'extrait étudié ici correspond à celui d'un des passages du cinquième mouvement, juste après la scène de magie, de sacrifice préparé par Médée. Cette longue tirade de Médée, espèce de monologue, traduit en quelque sorte les ultimes sursauts de l'amour d'une mère et d'un monstre, car c'est bien ce qu'il advient de la magicienne Médée, incarnant le mal absolu. L'humaine Médée se métamorphose en inhumaine Médée ; nous nous acheminons vers l'apogée du mal car elle se résoudra, dans cette tirade au genre délibératif, à tuer ses enfants, à commettre le double infanticide ; point faible de Jason, déjà connu de Médée. Cette dernière semble, dans ce passage de grande intensité dramatique révèle sa réelle identité, celle déjà annoncée au début de l'oeuvre à la nourrice (...)
[...] Médée n'est plus la femme de Jason, elle n'est plus la mère de ses enfants. C'est un démon qui affirme qu'il n'y a pas de lien de parenté entre Jason, ses enfants et elle : tout ce que Jason t'a donné devient désormais la lignée de Creuse ( ) enfants qui fûtes jadis à moi Médée a délibérément choisi son crime final : l'infanticide. Lui seul pourra calmer sa colère et accomplir sa funeste vengeance. L'infanticide sera donc le point culminant de la tension dramatique. [...]
[...] Il faut donc frapper plus fort, pour qu'à son tour, comme Médée l'a été, il soit en proie au dolor. Ce que souhaite la Médée inhumaine, qui peu à peu domine la Médée humaine, doit braver et châtier toutes lois divines Son crime doit être inhumain ; il doit être mémorable et aussi odieux que celui d'Atrée qui fit manger à Thyeste ses enfants. L'acte doit être un crime qui laisse des traces. L'inhumain triomphe donc sur l'humain. La Médée inhumaine dépasse la Médée humaine, sa volubilité en témoigne clairement. La colère de Médée doit atteindre son paroxysme. [...]
[...] Par ses crimes commis et par celui qu'elle commettra, elle annule chacun des évènements qui ont eu lieu depuis Jason. Elle annule son mariage, la naissance de ses enfants, la perte de son rang et son exil. [...]
[...] La Médée inhumaine, surhumaine a triomphé du reste de femme humaine chez Médée. Le dédoublement de sa parole a redonné naissance à la véritable identité de Médée : maintenant, je suis Médée Médée qui avait prophétisé et annoncé à sa nourrice qu'allait resurgir sa véritable identité avait dit vrai. La voilà en pleine possession de ses moyens. Petit à petit, au fur et à mesure que sa vengeance se faisait, elle retrouvait son identité ; de même, lorsqu'elle préparait ses poisons pour en enduire les parures et les robes de la fille de Créon. [...]
[...] Cette longue tirade de Médée, espèce de monologue, traduit en quelque sorte les ultimes sursauts de l'amour d'une mère et d'un monstre, car c'est bien ce qu'il advient de la magicienne Médée, incarnant le mal absolu. L'humaine Médée se métamorphose en inhumaine Médée ; nous nous acheminons vers l'apogée du mal car elle se résoudra, dans cette tirade au genre délibératif, à tuer ses enfants, à commettre le double infanticide ; point faible de Jason, déjà connu de Médée. Cette dernière semble, dans ce passage de grande intensité dramatique révèle sa réelle identité, celle déjà annoncée au début de l'œuvre à la nourrice : Médée ( ) de nouveau, je vais l'être Ce qui était déjà annoncé dans le prologue, ce qui fut prophétisé par Médée aura bel et bien lieu. [...]
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