Comparaison entre les pièces de théâtre Médée de Sénèque et d'Euripide sur le thème Médée la barbare. Les principales problématiques de ce devoir sont : Médée peut-elle être qualifiée de Barbare ? Comment les deux auteurs traduisent-ils les enjeux de ce thème au sein de leur pièce ?
[...] On apprend en effet que la jeune femme est habile dans l'art de préparer des poisons, et capable de s'entretenir avec les dieux et d'obtenir d'eux satisfaction. Sa magie est principalement maléfique, comme nous l'indique le symbole récurrent du serpent (cf. tragédie latine). Un seul de ses aspects positifs nous est révélé. Le pouvoir de la magicienne est si grand qu'il annihile le pouvoir des dieux : tel est le sens de la dernière réplique de Jason dans la pièce de Sénèque. [...]
[...] Elle qui était sa femme va bientôt perdre son statut, puisque Jason se prépare à épouser Créuse. Son rejet est particulièrement brutal dans la pièce de Sénèque, car Jason ne se justifie pas comme il le fait dans celle d'Euripide. Chez Euripide, Jason affirme à Médée que son affection pour elle est intacte, et qu'il ne se tourne vers Créuse que par ambition, pour reconquérir un statut plus digne de lui. Chez Sénèque, au contraire, il parle d'amour. Ainsi, dans le premier cas, il passe pour un arriviste, et dans le second, pour un infidèle. [...]
[...] Le fait que ce soit la nourrice qui prononce ces mots leur donne encore plus d'impact, car normalement, la nourrice est un personnage qui est lié à sa maîtresse, et qui en a une bonne connaissance. Aussi, on la croit sur parole quand elle affirme que Médée est capable du pire. La magicienne est en fait dans la tragédie celle dont on se méfie. Elle ne se présente d'ailleurs pas elle- même sous un jour favorable, puisque, chez Sénèque, elle se libre d'emblée à de terribles imprécations contre son mari. [...]
[...] Sa situation est particulièrement tragique, et crée un effet de suspense : on se demande comment elle va faire pour se sortir de cette situation qui paraît inextricable. Jusqu'à la fin de la pièce, nous n'avons pas de réponse, et la tension s'accroît. On n'apprend qu'à la dernière minute que Médée a fait appel au Soleil, dont elle est la descendante. Ainsi, la pièce s'achève avec le départ de la magicienne, qui s'enfuit sur un char ailé. Pour (elle) s'est ouvert un chemin vers le ciel puisqu'il n'y en avait aucun sur terre qui lui soit accessible. Dans la pièce d'Euripide, cela se passe différemment. [...]
[...] La construction programmatique de la tragédie est révélée dans le dénouement. Au début de la pièce latine, Médée annonce qu'elle est sa propre arme. Cette phrase est en fait une référence à la célèbre citation de Nietzsche : Deviens qui tu es Médée est une barbare, elle est considérée comme telle par les autres, aussi elle fait d'elle, en définitive, ce qu'elle était déjà, comme elle l'annonçait à la nourrice dans la scène 2 chez Sénèque. Pour conclure, nous pouvons dire que Médée est une figure de l'altérité, qui tout à la fois fascine et inquiète. [...]
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