Ce document est une dissertation sur le sujet suivant : "Le chœur présente ainsi la tragédie dans l'Antigone de Jean Anouilh : « C'est reposant la tragédie, parce qu'on sait qu'il n'y a plus d'espoir, le sale espoir ; qu'on est pris, qu'on est enfin pris comme un rat, avec tout le ciel sur son dos, et qu'on n'a plus qu'à crier, -pas à gémir, non, pas à se plaindre, - à gueuler à pleine voix ce qu'on avait à dire, qu'on n'avait jamais dit et qu'on ne savait peut-être même pas encore. Et pour rien : pour se le dire à soi, pour l'apprendre, soi. »
Dans quelle mesure ces remarques vous paraissent-elles éclairer la lecture des pièces d'Euripide, d'Ibsen et de Hofmannsthal au programme ?"
Extrait du document : "Par définition, la tragédie veut susciter chez le lecteur la crainte, la terreur et la pitié. Elle inspire une émotion intense chez le lecteur par son caractère funeste et effrayant. En tant que genre théâtral, elle expose une situation dans laquelle l'homme prend conscience douloureusement de sa condition et cherche à trouver sa place dans la fatalité d'un destin qui est inévitable. Elle est le lieu d'une tension, d'une impasse dans une réflexion métaphysique "
[...] C'est son comportement et non pas uniquement la fatalité du destin qui influe sur les événements. Il y va de même pour Electre qui fournit une telle énergie à penser à sa revanche, qu'une fois son but atteint, elle meurt d'extase. On sent là une véritable passion du héros tragique due à une profonde blessure causée par ce qui lui arrive. Il a alors besoin de rendre avec force, puissance et démesure le malheur que lui- même a subi. Ces deux dernières ressentent ainsi le besoin de se faire justice elles-mêmes. [...]
[...] La citation émet une distinction entre le fait de se plaindre et de gueuler à pleine voix qui correspond plus au comportement du héros tragique. En effet, une des armes principales qui lui reste est la parole. Elle sert souvent à exprimer cette impasse dans laquelle il se trouve et la souffrance qu'elle occasionne. Cette puissance des mots des héros est commune aux trois œuvres au programme. Une des premières paroles de Médée dans le prologue est : Ah ! Malheureuse je souffre trop ! Hélas ! [...]
[...] Electre se punit également elle-même en refoulant sa féminité et en se renfermant dans un deuil sans fin. C'est en toute lucidité qu'elle ne vit que dans la souffrance de la perte de son père. Ces points communs entre ces deux héros tragiques influent directement sur leur comportement vis-à-vis de leurs destins : ce sont les deux seules qui vont vouloir le contrôler à tort ou à raison. Dans Les Revenants, un tel comportement est totalement impossible, inenvisageable car les responsables sont morts. [...]
[...] Enfin, un autre élément rend le temps de la tragédie pesant et incontrôlable : il s'agit des facteurs extérieurs qui influent fortement sur le devenir des personnages en réduisant leur liberté considérablement. Les verrous de la société dans Les Revenants qu'incarne de façon assez sordide le personnage du Pasteur Manders illustre ce carcan qui emprisonne les personnages et les oblige à mener des actions contre leur volonté. Mme Alving représente également cette idée du devoir en réponse à un ensemble d'impératifs sociaux, de mœurs desquels on ne peut se soustraire. [...]
[...] A partir du XVIIe siècle avec Le Cid de Corneille notamment, l'héritage antique de la tragédie est réactualisé et ses règles de fonctionnement étoffées. La tragédie s'appréhende donc comme un genre littéraire intemporel dont la définition et l'usage peuvent être adaptés à différentes conceptions d'écrivains. D'ailleurs on remarque dans les trois œuvres proposées à l'étude qu'une seule d'entre elles date de l'époque antique, ce qui peut nous amener à nous demander qu'elle est l'évolution de la conception de la tragédie : quels sont les éléments réutilisés et quels sont ceux qui ont été modifiés. [...]
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