Le Médecin volant, publié en 1645, met en scène le valet Sganarelle pris au centre d'enjeux familiaux et matrimoniaux.
Endossant un habit de médecin, celui-ci tentera tant bien que mal d'assouvir les désirs de son maître, c'est-à-dire de repousser le mariage forcé de l'amante de son maître en confortant la maladie imaginaire de la future mariée. Ce médecin "volant" à la fois acrobate et bonimenteur rencontrera cependant de nombreuses difficultés dans l'élaboration puis la survie de sa tromperie jusqu'au final de la pièce. Cette farce française apparaît à une période charnière du genre farcesque: celle de la confrontation entre la tradition farcesque italienne et française jusqu'à l'évolution du genre vers celui de la petite comédie.
[...] En principe dans la plupart des farces un élément surprise, comme la venue inopportune d'un personnage, vient totalement inverser la situation et les rôles classiques du trompeur/trompé. Ici il y a bien la figuration d'un élément surprise, celui de l'arrivée de Gorgibus lorsque Sganarelle reprend ses habits de valet, mais les conséquences sont différentes. Une nouvelle tromperie est alors engagée par Sagnarelle sur laquelle repose la tromperie ultérieure mais également l'aveu de l'amour entre Lucile et Valère. Il n'y a pas inversion mais accumulation de situation. [...]
[...] Dans cette seconde partie nous nous intéresserons cette fois aux thématiques farcesques de cette pièce, influençant à la fois le fond et la forme de l'oeuvre, ainsi que ses procédés comiques. Le Médecin volant se rapproche de par ses thèmes au type dramatique de la farce. Le genre farcesque repose en grande partie sur un comique populaire, plutôt graveleux et vulgaire, loin des thèmes et de l'exigence du théâtre classique. La pièce de Molière n'échappe pas à cette tendance au comique vulgaire. L'exemple le plus flagrant reste la scène de l'analyse des urines de Lucile. [...]
[...] Ce thème du mariage arrangé et de l'amour impossible de deux amants est un thème récurrent et contemporain de Molière. Toutefois dans le genre de la farce habitué aux déboires de la vie conjuguale et de ses côtés graveleux ce thème présente une certaine originalité ou du moins s'éloigne des thématiques traditionnelles. On pourrait alors placer cette courte scène comme une scène d'exposition sur les personnages et les thèmes de la pièce. Cependant le dépit s'installe rapidement quand le seul secours face à ce mariage arrangé semble être un simple valet, un "lourdaud" selon les propos de son maître. [...]
[...] On retrouve dans Le Médecin volant en fin de replique des "etc" supposant la possibilité d'une improvisation. Ainsi Le Médecin volant ne se limite pas au modèle d'une farce fixe, sa forme varie en fonction du fond des acteurs, de la scène, du public etc . Cette liberté du jeu des acteurs sur le contenu d'une représentation est un procédé commun au genre de la farce, l'improvisation fait partie à part entière de la pièce et permet ou non de l'allonger. [...]
[...] Le rythme de la pièce quant à lui reste plutôt fidèle au genre farcesque. La pièce reste courte, efficace et alors que certaines farces laissent apparaître des liens logiques très légers voire inexistants d'une situation à l'autre Le Médecin Volant lui reste globalement cohérent. C'est alors qu'on peut observer une certaine unité de temps et de lieu, et malgré que l'action se transforme quand Sganarelle passe d'une tromperie à l'autre le but de celle-ci reste le même. On ne peut pas parler de d'une réelle rigueur classique dans Le Médecin volant, mais plutôt d'une certaine influence, ce qui la différencie grandement des farces médiévales. [...]
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