Dans une première partie, nous analyserons comment, la narration singulière de cet extrait est un moyen d'extérioriser les inquiétudes omniprésentes de Thérèse. Tout d'abord, nous étudierons les spécificités de la narration au travers du texte. Premièrement, nous constatons la récurrence de la troisième personne du singulier, ce qui nous permet donc de déduire, que le narrateur est extérieur au récit (...)
[...] En effet, la jeune femme imagine son retour à Argelouse, ce qui l'inquiète réellement. Ainsi, nous notons l'omniprésence de questions rhétoriques. Cela prouve alors que Thérèse essaie de s'imaginer ce futur proche. Les questions telles que Quelles seront les premières paroles de Bernard ? renforcent alors cette idée. Aussi, l'inquiétude de la jeune femme repose principalement sur une succession de questions. Thérèse tente alors de se projeter dans l'avenir afin d'oublier sa peur. Par la suite, elle espérera même ne jamais atteindre la ville. [...]
[...] Grâce à cette narration spécifique, la réflexion intérieure de Thérèse va nous être peu à peu dévoilée. Ainsi, nous constatons la présence du présent de narration qui rend donc les événements et les actions plus immédiates, spontanées. Par ailleurs, l'utilisation de ce temps permet au lecteur de se projeter à l'intérieur de l'histoire et de percevoir l'état d'esprit de Thérèse. De plus, le rôle de la ponctuation est ici, extrêmement important. En effet, l'omniprésence des points de suspension et des points d'interrogation nous montre que la femme se pose énormément de questions, et que les réponses fournies sont encore floues. [...]
[...] Au fond de cette calèche cahotante, sur cette route frayée dans l'épaisseur obscure des pins, une jeune femme démasquée caresse doucement avec la main droite sa face de brûlée vive. Quelles seront les premières paroles de Bernard dont le faux témoignage l'a sauvée ? Sans doute ne posera t-il aucune question, ce soir mais demain ? Thérèse ferme les yeux, les rouvre et comme les chevaux vont au pas, s'efforce de reconnaître cette montée. Ah ! ne rien prévoir. Ce sera peut- être plus simple qu'elle n'imagine. Ne rien prévoir. [...]
[...] Ayant quitté Bordeaux, elle rentre, durant la nuit, à Argelouse, où l'attend Bernard. Cette odeur de cuir moisi des anciennes voitures, Thérèse l'aime Elle se console d'avoir oublié ses cigarettes, détestant de fumer dans le noir. Les lanternes éclairent les talus, une frange de fougères, la base des pins géants. Les piles de cailloux détruisent l'ombre de l'équipage. Parfois passe une charrette et les mules d'elles mêmes prennent la droite sans que bouge le muletier endormi. Il semble à Thérèse qu'elle n'atteindra jamais Argelouse ; elle espère ne l'atteindre jamais ; plus d'une heure de voiture jusqu'à la gare de Nizan ; puis ce petit train qui s'arrête indéfiniment à chaque gare. [...]
[...] Ensuite, ka vision du monde crée une atmosphère angoissante ce qui agit sur Thérèse comme une peur du futur. Enfin, cet extrait dévoile aussi une plaie intérieure profonde. Effectivement, la description physique du personnage révèle son appréhension. Nous insistons donc sur l'imagination de la jeune femme, ce qui évoque par la suite, un certain mal-être. Ainsi, nous pouvons comparer Thérèse au personnage de Meursault dans L'Etranger d'Albert Camus, dans la mesure où, tout comme Thérèse celui-ci agit de façon relativement étrange à cause d'un éternel mal-être. [...]
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