Jeanne et Julien sont revenus de leur voyage de noces en Corse au cours duquel Jeanne a connu des moments de bonheur. Le chapitre VI, dont est extrait notre passage, raconte leur retour aux Peuples, marqué par la tristesse de Jeanne. Témoin de cette tristesse, cette phrase qui, au début du chapitre, résume à elle seule une grande partie du roman: Alors elle s'aperçut qu'elle n'avait plus rien à faire, plus jamais rien à faire (p. 104), et qu'on retrouve sous forme d'écho dans notre extrait (...)
[...] Il ne faut pas oublier que nous sommes dans le point de vue de Jeanne : elle a besoin de s'appuyer sur des preuves tangibles pour se rendre compte de la métamorphose de Julien ; de plus, en épouse soumise et respectueuse de son mari, elle ne saurait le critiquer trop ouvertement On comprend bien, avec de tels portraits de Jeanne et de Julien, que leur relation est difficilement viable. III. Une relation vouée à l'échec D'invisibles murs semblent empêcher Jeanne et Julien de communiquer ; dans ces conditions, leur union est impossible. L'impossible communication La rareté des paroles que Julien échange avec Jeanne est soulignée dès le début du texte : C'est à peine s'il s'occupait d'elle, s'il lui parlait même 5. La mise en relief c'est à peine si, redoublée, insiste sur ce silence. [...]
[...] Une profonde métamorphose Dans le passage, non seulement le constat d'un profond changement dans les relations entre Jeanne et Julien est dressé, mais le point d'origine de cette métamorphose nous est indiqué. Le point de rupture Un complément circonstanciel de temps date l'origine des changements intervenus dans le couple Jeanne / Julien : depuis le retour de leur voyage de noces 2-3. Remarquons que cette formulation est assez étrange ; en effet, on s'attendrait plutôt à avoir : *depuis leur retour de voyage de noces. [...]
[...] Pourtant, tout est là pour lui montrer que son mariage ne peut qu'être un échec. Jeanne ignore encore que cette déconvenue est la première d'une longue série. Le changement dont elle prend confusément conscience ici ne fera que s'accentuer au fil des chapitres, et Julien deviendra de plus en plus indifférent, violent et tyrannique. Jeanne restera quant à elle ce personnage songeur et impuissant. La relation extrêmement dissymétrique qui s'établit entre les deux personnages est représentative des mœurs du XIXe siècle, selon lesquelles la soumission de la femme au mari était obligatoire. [...]
[...] Certains imparfaits ont une valeur descriptive, et montrent au lecteur ce qui a résulté du changement intervenu : il semblait l'enlaidissait 18, ses mains n'étaient plus soignées 19 Cette prédominance très nette du plus-que-parfait et de l'imparfait donne une coloration très particulière à l'extrait, et indique bien qu'il s'est passé quelque chose de très grave entre les deux époux, puisqu'à une antériorité idéalisée se sont substitués de mornes habitudes. Ce glissement d'un état à un autre est également marqué par des procédés syntaxiques. On trouve en effet deux propositions circonstancielles consécutives dans ce texte. La conséquence insiste sur le passage d'un état à un autre, dû à un facteur que le rapport logique indique clairement : de sorte que sa barbe longue, mal rasée, l'enlaidissait incroyablement 17-18, il avait répondu si brusquement : " " qu'elle ne se hasarda plus à lui donner des conseils 22-23. [...]
[...] La dernière question est intéressante, précisément parce que ce n'en est pas vraiment une : on a une modalisation effectuée par peut-être, mais pas à proprement parler une interrogation. L'inversion verbe &endash; sujet est due à l'adverbe peut-être en tête de proposition et non à la modalité interrogative. Avec cette dernière phrase, on a donc un glissement de la modalité interrogative vers la réflexion de Jeanne, sa prise de conscience ; on subodore que Jeanne possède les réponses à toutes ses questions, mais qu'elle ne veut pas voir la réalité en face. [...]
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