Maupassant, "Une partie de campagne", Passage de la balançoire
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Lecture analytique semi-rédigée du passage de la balançoire tiré de l'oeuvre de Guy de Maupassant Une partie de campagne.
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I) L'art du portrait des différents membres de la famille
A. Une approche sensuelle d'Henriette B. Opposition très présente entre la mère et la fille
II) Critique de Maupassant
Conclusion
Passage analysé
Mlle Dufour essayait de se balancer debout, toute seule, sans parvenir à se donner un élan suffisant. C'était une belle fille de dix-huit à vingt ans ; une de ces femmes dont la rencontre dans la rue vous fouette d'un désir subit, et vous laisse jusqu'à la nuit une inquiétude vague et un soulèvement des sens. Grande, mince de taille et large des hanches, elle avait la peau très brune, les yeux très grands, les cheveux très noirs. Sa robe dessinait nettement les plénitudes fermes de sa chair qu'accentuaient encore les efforts des reins qu'elle faisait pour s'enlever. Ses bras tendus tenaient les cordes au-dessus de sa tête, de sorte que sa poitrine se dressait, sans une secousse, à chaque impulsion qu'elle donnait. Son chapeau, emporté par un coup de vent, était tombé derrière elle ; et l'escarpolette peu à peu se lançait, montrant à chaque retour ses jambes fines jusqu'au genou, et jetant à la figure des deux hommes, qui la regardaient en riant, l'air de ses jupes, plus capiteux que les vapeurs du vin. Assise sur l'autre balançoire, Mme Dufour gémissait d'une façon monotone et continue : "Cyprien, viens me pousser ; viens donc me pousser, Cyprien !" A la fin, il y alla et, ayant retroussé les manches de sa chemise, comme avant d'entreprendre un travail, il mit sa femme en mouvement avec une peine infinie. Cramponnée aux cordes, elle tenait ses jambes droites pour ne point rencontrer le sol, et elle jouissait d'être étourdie par le va-et-vient de la machine. Ses formes, secouées, tremblotaient continuellement comme de la gelée sur un plat. Mais, comme les élans grandissaient, elle fut prise de vertige et de peur. A chaque descente, elle poussait un cri perçant qui faisait accourir tous les gamins du pays ; et, là-bas, devant elle, au-dessus de la haie du jardin, elle apercevait vaguement une garniture de têtes polissonnes que des rires faisaient grimacer diversement.
I) L'art du portrait des différents membres de la famille
A. Une approche sensuelle d'Henriette B. Opposition très présente entre la mère et la fille
II) Critique de Maupassant
Conclusion
Passage analysé
Mlle Dufour essayait de se balancer debout, toute seule, sans parvenir à se donner un élan suffisant. C'était une belle fille de dix-huit à vingt ans ; une de ces femmes dont la rencontre dans la rue vous fouette d'un désir subit, et vous laisse jusqu'à la nuit une inquiétude vague et un soulèvement des sens. Grande, mince de taille et large des hanches, elle avait la peau très brune, les yeux très grands, les cheveux très noirs. Sa robe dessinait nettement les plénitudes fermes de sa chair qu'accentuaient encore les efforts des reins qu'elle faisait pour s'enlever. Ses bras tendus tenaient les cordes au-dessus de sa tête, de sorte que sa poitrine se dressait, sans une secousse, à chaque impulsion qu'elle donnait. Son chapeau, emporté par un coup de vent, était tombé derrière elle ; et l'escarpolette peu à peu se lançait, montrant à chaque retour ses jambes fines jusqu'au genou, et jetant à la figure des deux hommes, qui la regardaient en riant, l'air de ses jupes, plus capiteux que les vapeurs du vin. Assise sur l'autre balançoire, Mme Dufour gémissait d'une façon monotone et continue : "Cyprien, viens me pousser ; viens donc me pousser, Cyprien !" A la fin, il y alla et, ayant retroussé les manches de sa chemise, comme avant d'entreprendre un travail, il mit sa femme en mouvement avec une peine infinie. Cramponnée aux cordes, elle tenait ses jambes droites pour ne point rencontrer le sol, et elle jouissait d'être étourdie par le va-et-vient de la machine. Ses formes, secouées, tremblotaient continuellement comme de la gelée sur un plat. Mais, comme les élans grandissaient, elle fut prise de vertige et de peur. A chaque descente, elle poussait un cri perçant qui faisait accourir tous les gamins du pays ; et, là-bas, devant elle, au-dessus de la haie du jardin, elle apercevait vaguement une garniture de têtes polissonnes que des rires faisaient grimacer diversement.
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Extraits
[...] Mais, comme les élans grandissaient, elle fut prise de vertige et de peur. A chaque descente, elle poussait un cri perçant qui faisait accourir tous les gamins du pays ; et, là-bas, devant elle, audessus de la haie du jardin, elle apercevait vaguement une garniture de têtes polissonnes que des rires faisaient grimacer diversement. Analyse L'art du portrait des différents membres de la famille A. Une approche sensuelle d'Henriette Pendant sa description on parle d'elle à la troisième personne : c'est la vision d'un observateur externe : description du physique de la jeune fille empreinte d'un désir masculin : "belle fille de dix-huit à vingt ans", "désir subit", "soulèvement des sens". [...]
[...] II) Critique de Maupassant Maupassant s'inscrit dans une continuité de dénonciation du monde de la bourgeoisie (après Flaubert). On voit que c'est une sortie dominicale pour la petite bourgeoisie. Il y a une mise en place d'une critique du citadin parisien à la campagne. En effet ils sont envahissants, sans savoir-vivre, ce qui se reflète dans l'attitude de Mme Dufour : "Mme Dufour gémissait". Melle Henriette refait le même schéma que ses parents, elle se marie avec un jeune niais. Nous voyons que le mari, M. [...]
[...] Maupassant est un admirateur et ami de Gustave Flaubert. Il publia sa première nouvelle, Boule-de-Suif, dans le manifeste du naturalisme des Soirées de Médan, organisées par Zola en 1880. Cette nouvelle permit à Maupassant d'être lancé dans l'écriture, et d'obtenir un certain succès. Il est l'auteur de contes et de nouvelles naturalistes, ses thèmes de prédilection étant la vie des paysans normands, de petits-bourgeois, narrant des aventures amoureuses ou les hallucinations de la folie : La Maison Tellier (1881), les Contes de la bécasse (1883), Le Horla (1887). [...]
[...] Nous remarquons que la seule personne qui parle au discours direct dans ce passage est Mme Dufour, ce qui met en relief son caractère imposant et dominant. Il n'y a aucune sensualité dans le couple des Dufour, et nous le voyons dans le passage précédent quand Mr Dufour descend sa femme : "la déposa lourdement à terre, comme un énorme paquet". Et sa fille est vouée à la même vie, mariée avec un homme sans aucune sensualité. Conclusion Nous pouvons conclure en disant que Maupassant réussit à nous montrer son art du portrait : il nous décrit Henriette comme une fille sensuelle, et sa mère comme une personne hystérique et grotesque. [...]
[...] Les deux paragraphes sont construits de façon parallèle : nous voyons que Mme Dufour a les bras "cramponnée" à la balançoire, alors que sa fille a les "bras tendus". Henriette a une attitude décontractée sur la balançoire contrairement à sa mère. Mme Dufour est poussée : la fin ( . ) une peine infinie" alors qu'Henriette se débrouille seule : "Melle Dufour ( . ) seule". Ce passage nous exprime la solitude d'Henriette destinée à un mari qu'elle n'aime pas. Sa mère pousse des "gémissement", alors qu'elle reste "muette". [...]