Marivaux, "Lîle des esclaves", Acte I scène 6 : commentaire

Résumé du document

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Cet extrait est en réalité une petite comédie basée sur l'improvisation, où Arlequin et Cléanthis mettent en scène une parodie d'une scène amoureuse entre une dame et un seigneur. Cette scène est un reflet du marivaudage.

S'agit-il d'imiter les maîtres pour faire rire le spectateur, ou de montrer la prise de pouvoir par l'art de la conversation ?

[...] C'est en fait une véritable petite comédie introduite par : "Remarquez-vous madame la clarté du jour ?". Cette scène de marivaudage se termine avec "Cela est étrange".
Les scènes de 1ères rencontres ont souvent lieu dans des lieux très codifiés, ici dans un jardin. Dans le rituel de la galanterie de l'époque, tous les gestes et les paroles sont codés. Ce qui ne laisse aucune place au naturel, à la spontanéité.
Le moment choisi est celui de la promenade traditionnellement réservé à la conversation sentimentale. La conversation commence avec des considérations sur le temps et une allusion à la clarté du jour. C adopte alors l'attitude d'une jeune femme face à un galant entreprenant. aux prises : "Finissons en !" "En voila assez", "laissez moi". Ce qui est paradoxal avec l'attitude d'une coquette et mondaine qui cherche à obtenir des avances : "Vous m'allez dire que vous m'aimez, dites dites." (...)

Extraits

[...] Ils expérimentent le pouvoir, et se comparent aux maître nous sommes plus sage Même dans la mise en scène d'un jeu parodique, A et C restent prisonniers de leurs rôles et encore dépendant de leurs anciens maîtres. III Théâtre dans le théâtre. On a une scène de théâtre dans le théâtre. Les deux personnages improvisent une petite représentation théâtrale, brève scène de comédie mettant en scène les gens du monde et leur art de la conversation. Le spectacle s'adresse aux 2 maîtres, cela fait partie de la thérapie de T. Pour les anciens maîtres, être humilié et tourné au ridicule en devenant le sujet d'une comédie a pour but de changer les comportements. [...]

[...] flamme feu - Euphémismes je remplacé par on : marque une certaine pudeur. - Expressions vagues et confuses, périphrases. Le Marivaudage sentimentale amène des aveux étonnants : Faut' il dire qu'on vous aime ? On attend une déclaration d'A qui au lieu de cela va rire très fort et se mettre à genoux. Il abandonne alors le langage précieux et l'on s'aperçoit que les personnages ne s'aiment pas. La scène met en valeur le manque de sincérité qui montre que les maîtres jouent une comédie basé sur l'apparence. [...]

[...] Le moment choisi est celui de la promenade traditionnellement réservé à la conversation sentimentale. La conversation commence avec des considérations sur le temps et une allusion à la clarté du jour. C adopte alors l'attitude d'une jeune femme face à un galant entreprenant. aux prises : Finissons en ! En voila assez laissez moi Ce qui est paradoxal avec l'attitude d'une coquette et mondaine qui cherche à obtenir des avances : Vous m'allez dire que vous m'aimez, dites dites. Elle provoque des avances mais le tiens à distance, elle prend le véritable rôle de la coquette. [...]

[...] Marivaux montre que le jeu de l'amour est vide de sentiments. On est dans le faire semblant II Portrait de deux valets encore sous la domination de leur maître. Les valets se présentent comme des êtres nouveaux : il faut bien jouir goute le plaisir honnêtes gens (c'est à l'époque une qualité sociale). (Cf. Philiante, le misanthrope de Molière). Ils profitent de ce nouveau pouvoir pour s'emparer de la parole (champ lexical). Cependant ce pouvoir est limité car ils n'existent qu'à travers l'imitation de leurs maîtres. [...]

[...] Il y a une critique sous-jacente de la société : il suffit d'avoir la maitrise du langage d'en connaître les codes pour exister en société où triomphe le paraître et le dire. Scène intéressante qui met en scène le Marivaudage. Grace à la parodie des valets on a la vision d'un monde aux plaisirs raffinés dans lequel l'art de la conversation mondaine est caractérisé par l'absence de sincérité et par l'excès. Cette épreuve du faire semblant fait subir aux maîtres des transformations en découvrant une certaine vérité de leur être qui les fait apparaître un peu plus humains. [...]