Dans cette pièce en un acte, Marivaux exploite le thème littéraire de l'utopie sociale : naufragés sur une île, Arlequin et Cléanthis ont échangé leurs habits et leurs conditions sociales avec leur maître respectif : Iphicrate et Euphrosine, sur l'ordre d'un maître des cérémonies, Trivelin. Dans l'extrait proposé, ce dernier demande à Cléanthis de dresser le tableau des défauts d'Euphrosine, afin que celle-ci puisse les corriger et s'améliorer. Par conséquent, il s'agira de s'interroger sur l'enjeu du tableau brossé par Marivaux dans la scène ? S'agit-il d'une simple peinture de caractères, ou d'une peinture de moeurs ?
[...] - Très mal, Madame; j'ai perdu le sommeil; il y a huit jours que je n'ai fermé l'œil; je n'ose pas me montrer, je fais peur.» Et cela veut dire : Messieurs, figurez-vous que ce n'est point moi au moins; ne me regardez pas, remettez à me voir; ne me jugez pas aujourd'hui; attendez que j'aie dormi. J'entendais tout cela, car nous autres esclaves, nous sommes doués contre nos maîtres d'une pénétration ! . Oh ! ce sont de pauvres gens pour nous. [...]
[...] L'Ile des esclaves, (1725) Marivaux Commentaire composé : Introduction: Voici un extrait de la pièce de théâtre L'Ile des esclaves écrite par Marivaux en1725. Dans cette pièce en un acte, Marivaux exploite le thème littéraire de l'utopie sociale : naufragés sur une île, Arlequin et Cléanthis ont échangé leurs habits et leurs conditions sociales avec leur maître respectif : Iphicrate et Euphrosine, sur l'ordre d'un maître des cérémonies, Trivelin. Dans l'extrait proposé, ce dernier demande à Cléanthis de dresser le tableau des défauts d'Euphrosine, afin que celle-ci puisse les corriger et s'améliorer. [...]
[...] Le discours de Cléanthis révèle son caractère et laisse transparaître sa jalousie. Cependant, au-delà du portrait des caractères des deux femmes, c'est un tableau assez pitoyable des mondains du XVIIIè siècle que nous dresse Marivaux. Enfin, cette peinture de la société nous renseigne aussi sur les rapports maîtres-valets. Cependant, si, dans cette scène, le but poursuivi est de dénoncer le comportement mondain, on peut se demander si le dramaturge nous invite réellement à donner au personnage opprimé, Cléanthis, toute notre sympathie. [...]
[...] D'ailleurs, la phrase qu'on m'apporte un miroir est révélatrice du dédain de la maîtresse pour sa suivante : l'emploi du pronom indéfini on témoigne bien du peu d'importance de Cléanthis : celle-ci ne mérite même pas d'être appelée par son prénom. Toutefois, par le biais de cette dernière, on peut deviner que la curiosité, la jalousie, la malveillance sont autant de sentiments éprouvés par nombre de suivantes de l'époque. D'ailleurs, le nous autres esclaves employé lorsque Cléanthis revendique sa "pénétration" à l'égard des maîtres a valeur de condamnation morale, sinon politique. [...]
[...] Scène III : Trivelin, Cléanthis, esclave, Euphrosine, sa maîtresse. TRIVELIN : Vaine, minaudière et coquette, voilà d'abord à peu près sur quoi je vais vous interroger au hasard. Cela la regarde-t-il ? CLEANTHIS : Vaine, minaudière et coquette, si cela la regarde ? Eh ! voilà ma chère maîtresse; cela lui ressemble comme son visage. EUPHROSINE : N'en voilà-t-il pas assez, Monsieur ? TRIVELIN : Ah ! je vous félicite du petit embarras que cela vous donne; vous sentez, c'est bon signe, et j'en augure bien pour l'avenir : mais ce ne sont encore là que les grands traits; détaillons un peu cela. [...]
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