Analyse de la pièce de Marivaux L'Ile des esclaves. Quelles relations entretiennent maître et esclave ? Qu'est-ce que cela peut traduire ? Comment cette pièce parvient à remettre en cause une inégalité sociale ? Quelles sont les portées et les limites de la critique sociale ?
[...] Il serait ridicule de faire de Marivaux un classique de la liberté précurseur de la Révolution. Marivaux est un moraliste ( un moraliste sensible aux injustices sociales. C'est au nom de la raison et de la bonté qu'il s'en prend aux injustes, comme aux travers et aux tares des individus. A l'homme tel que l'on fait les conditions sociales, l'égoïsme, la vanité et l'aveuglement, il oppose ( ) l'homme purifié à la fois par la nature et la réflexion Marcel Arland, Introduction au théâtre de Marivaux (1961). [...]
[...] -la relativité de l'appartenance sociale : le hasard, les circonstances, des époques et des lieux, fait qu'un homme est ici maître et là-bas, esclave -la portée philosophique : la vie humaine est donc sous l'emprise du hasard. C'est lui qui distribue bienfaits et places, malheurs et bonheurs, quels que soient les efforts et l'énergie que les êtres déploient. C-Les limites de la critique sociale -Marivaux aspire moins à une remise en cause de l'ordre social (chacun au dénouement retrouve sa position sociale initiale), qu'à un éveil des consciences et des sensibilités afin que les réformes sociales découlent en quelque sorte de la réforme morale initiée par le passage sur l'île des esclaves. [...]
[...] L'aliénation des personnages Dégradation morale de tous = conséquence de cette relation inégalitaire Arlequin est tout aussi dénué de qualités morales que son maître (violent, égocentrique, hypocrite). Ils ne sont donc pas des êtres humains à part entière mais plutôt l'incarnation d'une humanité dégradée car sans libre arbitre parce qu'entièrement conditionnés par leur rôle social. II Une pièce qui remet en cause cette inégalité sociale -l'expression de cette remise en cause de l'inégalité se traduit dramaturgiquement par l'inversion des rôles sociaux -explication : le fait que l'inversion soit possible prouve que la hiérarchie sociale est arbitraire, qu'elle ne repose sur aucune vérité. [...]
[...] Ile des esclaves, comédie sociale de 1725 peut être analysée en parallèle avec les réalités sociales de l'époque (XVIIIème siècle, règne de Louis XV). Dans cette optique, le duo maître - serviteur présente le reflet, plus ou moins déformé de l'inégalité sociale de la société d'Ancien Régime. Société dominée par une minorité (aristocrates et haut - clergé) qui dispose de beaucoup de privilèges tant juridiques que socio- économiques. L'immense majorité de la société, le Tiers-Etat, est composée de roturiers (paysans, artisans et bourgeois) et vit mal cette mainmise sur la société d'une classe de privilégiés que Molière, au XVIIème siècle avait déjà portraiturée en la personne de Don Juan par la fameuse formule de Sganarelle : grand seigneur, méchant homme I Maître - esclave : des relations de domination et de subordination, expression d'une relation inégalitaire La domination du maître -Le maître a le pouvoir et ordonne. [...]
[...] La vie sociale est susceptible comme le destin des hommes d'être bouleversée par le hasard. Hasard qui a permis à Iphicrate et Euphrosine de posséder de l'or, de l'argent, des dignités mais aucune qualité morale ni intellectuelle, en fait ils n'ont aucun mérite personnel. -cette inversion permet la parodie des maîtres par les domestiques et l'on s'aperçoit (cf.scène de toute la lucidité et de l'intelligence des serviteurs alors que les maîtres sont dupes des rôles sociaux qu'ils jouent : leur vie est une comédie dont ils sont les acteurs. [...]
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