[...] Il s'agit en effet d'une fausse confidence :
- tout d'abord parce que Dubois utilise le mensonge. En effet, déjà à la scène précédente, une didascalie nous indique que Dubois "feint de voir Dorante avec surprise", alors que les deux hommes s'étaient déjà parlé auparavant. Son deuxième mensonge est de faire croire à Araminte que Dorante est fou, alors que bien sûr, il ne l'est pas. Faire croire à Araminte que Dorante est fou fait partie du stratagème mené par les deux hommes. Dubois ajoute un caractère dramatique voire pathétique, en mentant pour la 3e fois : lorsqu'il dit qu'il a été obligé de le quitter à cause de sa folie (alors qu'en réalité, c'est pour des raisons financières que Dorante ne pouvait plus employer Dubois).
- Il s'agit donc d'une fausse confidence, car Dubois confie à Araminte un secret - folie de Dorante - mais cette confidence est fausse car Dubois dresse un portrait de Dorante totalement exagéré.
- En effet, Dubois veut susciter chez Araminte une inquiétude. Ses premières répliques insistent sur le caractère dangereux de Dorante : "Savez-vous à qui vous avez affaire ?" (R. 4). Il exprime donc de fausses alarmes quant au danger couru par Araminte. Il va même jusqu'à traiter Dorante de démon à la r. 8 : "C'est un démon que ce garçon-là". Le côté diabolique de Dorante est d'autant plus désigné grâce à la tournure de phrase qui place en fin de réplique "ce garçon-là". On peut même qualifier cette réplique de transfert de personnalité, car entre Dorante et Dubois, c'est plutôt le dernier qui est démon. Mais le but de cet entretien entre Dubois et Araminte est de faire comprendre à Araminte que Dorante l'aime passionnément. Dubois aborde donc progressivement le sujet de l'amour et finit par concéder à Araminte que la folie de Dorante est d'origine amoureuse. On peut parler là de passion, comme on le voit à la réplique 18 : "il extravague d'amour", "cervelle brûlée". Dubois utilise donc des termes hyperboliques pour insister sur la passion amoureuse de Dorante. Mais Araminte ignore toujours que c'est d'elle dont Dorante est amoureux, Dubois le lui apprend de façon très incisive à la R 22 : "c'est vous, Madame" (...)
[...] Dubois ajoute un caractère dramatique voire pathétique, en mentant pour la 3e fois : lorsqu'il dit qu'il a été obligé de le quitter à cause de sa folie (alors qu'en réalité, c'est pour des raisons financières que Dorante ne pouvait plus employer Dubois). - Il s'agit donc d'une fausse confidence, car Dubois confie à Araminte un secret folie de Dorante mais cette confidence est fausse car Dubois dresse un portrait de Dorante totalement exagéré. - En effet, Dubois veut susciter chez Araminte une inquiétude. Ses premières répliques insistent sur le caractère dangereux de Dorante : Savez-vous à qui vous avez affaire ? [...]
[...] On peut repérer ainsi un zeugma, il s'agit d'une figure de style qui consiste à qualifier un même terme de plusieurs adjectifs totalement hétérogènes. Dubois assimile d'abord Dorante à un démon (rép. avant de dire qu'il est brave homme (rép. ensuite il est timbré comme cent (rép. 16) puis finalement il est un homme incomparable (rép. 18). Outre le fait de créer un effet comique sur le lecteur, cette figure de style permet de déstabiliser encore plus Araminte, qui, finalement, ne sait plus à quel saint se vouer. [...]
[...] Avec ses mots, il sait attirer l'attention d'Araminte, et surtout il lui fait faire ce qu'il veut. TR : Dubois met donc en place son plan en piégeant Araminte, qui devient donc la victime idéale, car ses mots la trahissent. - En effet, si Dubois ose s'emporter de la sorte, c'est parce qu'il sait que cela aura un effet notoire sur Araminte, qui mord bien à l'hameçon finalement. En effet, sa curiosité grandit au fil des répliques (rép : on la sent perturbée, elle doute, on assiste à un phénomène particulier aux répliques 9 et 11 : elle pose à chaque fois deux questions, avec des mots certes différents, mais qui ont le même sens, donc finalement c'est comme si elle posait 2x la même question, ce qui prouve à quel point elle est troublée). [...]
[...] Au fur et à mesure de ses interventions, Dubois tente de faire perdre à Araminte ses repères. En effet, nous avons vu qu'au début de l'échange, il a eu un comportement très grave et solennel, puis son ton s'est fait plus menaçant et inquiétant, et enfin, il devient totalement familier puisqu'il emploie un lexique peu soutenu (rép : timbré comme cent il va même très loin à la réplique 20 puisqu'il va jusqu'à flatter Araminte par l'emploi d'une litote : Pour ce qui est de l'objet (=Araminte), il n'y a rien à dire. [...]
[...] C'est donc Dubois qui tire les ficelles de la pièce, il est donc un personnage-clé des Fausses Confidences, et c'est ce qui avait déjà frappé Jean-Louis Barrault, un célèbre metteur en scène français, qui a choisi Dubois pour héros principal de sa mise en scène des Fausses Confidences en 1946. Ce choix montre donc l'importance du personnage, mais aussi l'intérêt porté à cette pièce, encore deux siècles plus tard. Bibliographie : DELOFFRE F., Théâtre complet, Tome II, Garnier DEGUY Michel, La machine matrimoniale de Marivaux, Gallimard DESCOTES Maurice, Les grands rôles du théâtre de Marivaux, PUF (page 112-121). GAZAGNE Paul, Marivaux, Collection Ecrivains de toujours Seuil PAPODOPOULOU BRADY Valentini, Love in the theatre of Marivaux, Librairie Droz, 1970. [...]
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