L'amour contrarié est un leitmotiv dans la littérature mais Marivaux le rend original en mettant en place une morale amoureuse abolissant les préjugés sociaux et les contrariétés provoquées par les conditions sociales. En voilant l'identité de ses personnages, Marivaux permet aux valets d'être comme les maîtres:au cœur de l'action de la pièce: Le Jeu de l'amour et du hasard. La scène 6 de l'acte III est la seule scène réservée à la révélation de l'amour réciproque des valets. Jusqu'alors le quiproquo persistait, Sylvia en Lisette croyait aimer Dorante en Arlequin. Cette scène d'aveu implique la tombée du masque, objet de dissimulation t de tromperie mais qui ici accomplit sa paradoxale de révélateur de vérité. Cette scène d'aveu est aussi une scène de confrontation comique entre les deux valets qui sont sensés jouer le rôle des maîtres. Mis à part le comique de situation qui prête à sourire puisque le dilemme est un quiproquo, Marivaux décline le comique de mots, de gestes, et le comique par allusion tout en dépassant les finalités du registre comique. Marivaux est celui qui va au plus près de la réalité humaine dans ses comédies qui révèlent les personnages non plus dans l'action mais dans le dialogue. Ici, il est intéressant d'étudier comment au comique inspiré de la commedia dell arte, se succède un comique reposant sur une analyse des sentiments humains. Après avoir constaté que la résolution du quiproquo révèle la maladresse des faux maîtres, nous remarquerons à quel point en dépassant le registre comique, cette scène de comédie castigat ridendo mores, selon un précepte d'Horace, elle châtie les mœurs.
[...] Ici, l'amour est mis au premier plan de la scène, comme les valets. La finalité morale est explicitée en changeant de nom, tu n'as pas changé de visage Marivaux met en scène une réalité qui semble sur le point de connaître un bouleversement. L'autonomie du valet n'est pas une nouveauté dans la dramaturgie, Molière s'était essayé à cela avec son Dom Juan. Cependant, Marivaux s'approprie cet élan de modernité pour impliquer davantage les valets, toute cette scène leur est consacrée et il s'agit bien d'amour, un sujet noble. [...]
[...] La maladresse est le résultat d'une mauvaise maîtrise des codes langagiers. Les accents pathétiques hélas se mêlent aux accents comiques pardi montrant Arlequin en total décalage entre le registre du personnage qu'il incarne:le comique et celui qu'il s'efforce de tenir, le registre noble, d'un rang plus élevé. Cette alternance est mise en œuvre également par le respect des formules de politesse ou non. L'alternance donc entre le vouvoiement et le tutoiement comme pour vous m'inquiétez et prends ta revanche montre également la différence à laquelle doivent être attentifs ces deux valets. [...]
[...] Ses deux personnages s'essoufflent à force de porter le masque et cette agitation nous l'avons vu, provoque des maladresses, des maladresses qui sont risibles. Marivaux semble avoir concilié parfaitement la comédie à la peinture sérieuse de la vie. A travers ses personnages, c'est un réel constat que ce dramaturge établit. Le valet devient de plus en plus important, il est de plus en plus concerné par les nœuds. Il suffit de ne pas oublier que Marivaux souhaite avant tout faire réfléchir par le rire, reprenant ainsi, les préceptes d'Horace comme beaucoup l'ont également fait. [...]
[...] En voilant l'identité de ses personnages, Marivaux permet aux valets d'être comme les maîtres:au cœur de l'action de la pièce: Le Jeu de l'amour et du hasard. La scène 6 de l'acte III est la seule scène réservée à la révélation de l'amour réciproque des valets. Jusqu'alors le quiproquo persistait, Sylvia en Lisette croyait aimer Dorante en Arlequin. Cette scène d'aveu implique la tombée du masque, objet de dissimulation et de tromperie mais qui ici accomplit sa paradoxale de révélateur de vérité. [...]
[...] La stichomythie est un échange rapide de répliques courtes et vives rendant le style de la conversation moins illusoire . Au XVIIIe siècle, ce principe est à l'honneur. Dans cet extrait la rapidité est même voulue par les personnages: en un mot qui êtes-vous? Ce dialogue est vivant, les répliques s'enchaînent sans laisser à l'autre la possibilité d'intervenir. Comme nous le montre les vers suivants: Madame, votre amour est-il d'une constitution bien robuste, soutiendra-t-il bien la fatigue, que je vais lui donner, un mauvais gîte lui fait-il peur ? [...]
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