Vraisemblablement inspiré à l'auteur par la rupture avec le peintre Marie Laurencin (avec qui il entretint une relation aussi passionnée que tumultueuse de 1907 à 1912), Marie a été écrit en 1912. Mais le poète y mêle aussi, dans les deux premières strophes, des réminiscences d'un amour de jeunesse éprouvé pour une autre Marie, Maria Dubès, qu'Apollinaire aima en 1899 à Stavelot en Wallonie où il était venu passer des vacances chez l'ami de sa mère. Comme Zone ou Le Pont Mirabeau, c'est un poème de l'amour perdu, mais aussi de l'écoulement du temps (...)
[...] En revanche, quand il évoque la neige, Apollinaire emploie le terme approprié flocons relayé par et ceux : c'est la substitution d' argent à neige qui crée la métaphore. - la comparaison des vers 16- tes cheveux Crépus comme mer qui moutonne Elle dérive de l'analogie des petites ondulations des cheveux crépus qui font penser aux ondulations de la mer se couvrant de vagues écumeuses ou moutons De plus, l'image de la mer qui moutonne se trouve renouvelée par la proximité des brebis (vers 11) qui étaient associées au thème des sentiments qui passent comme le sont ici les cheveux comparés à la mer qui moutonne. [...]
[...] II- Le thème du temps L'écoulement du temps Dès les deux premiers vers : Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand le poème s'inscrit dans le temps, et plus précisément dans son écoulement inéluctable. Apollinaire y évoque deux moments éloignés de la vie de Marie, le passé (petite fille, vers et le futur lointain (mère-grand, vers 2). L'appartenance habituelle de ces deux termes au monde du conte de fées connote ici le bonheur, impression renforcée par des rimes féminines aux sonorités claires et aigües. [...]
[...] Un poème de fin d'amour Marie est un poème de fin d'amour qui commence par la rupture avant de remonter jusqu'à la naissance de l'histoire et en suivre chronologiquement les étapes vers la divergence des sentiments du couple. Cette structure en boucle unit ainsi étroitement le début et la fin puisque l'interrogation qui clôt la première strophe (Quand donc reviendrez-vous Marie) fait logiquement suite à celle sur laquelle s'achève le poème (Quand donc finira la semaine). C'est une particularité typique de l'écriture apollinienne, celle par laquelle le début d'une œuvre s'articule, logiquement et chronologiquement, avec son dénouement. [...]
[...] Elle s'achève sur l'absence de la femme aimée, Marie (prénom éponyme du poème, mêlant ainsi ses deux inspiratrices). Mais cette absence n'est pas dite, elle n'est que suggérée par l'interrogation soulignant l'angoisse du jeune homme : Quand donc reviendrez-vous Marie. La deuxième strophe Empreinte de douceur harmonieuse exprimant le rêve et la promesse d'un bonheur facile, elle évoque les débuts de l'amour lors d'un bal masqué, où les masques (vers et la musique (vers évoquent la fête galante où la profusion de plaisir se dissout dans la légèreté : - c'est un amour délibéré, exprimé par le premier hémistiche du seul alexandrin du poème(Oui je veux vous aimer, vers - dans lequel, cependant, le poète ne se livre pas en totalité (mais vous aimer à peine, vers - préférant le savourer comme une friandise (Et mon mal est délicieux, vers ce qui suggère la souffrance à la manière des romantiques. [...]
[...] Ces vers s'inscrivent dans le cycle immuable des saisons, et, du reste, l'automne y est explicitement associé. La pérennité de la peine Par son vers inaugural (Je passais au bord de la Seine, vers la dernière strophe exprime l'idée plus complexe de la pérennité des sentiments, et de la peine en particulier, qui, paradoxalement et de manière hyperbolique ici, passe et demeure intacte : Le fleuve est pareil à ma peine / Il s'écoule et ne tarit pas (vers 23-24). [...]
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