Dans cet enchevêtrement, l'acte III se consacre à une intrigue secondaire : l'opposition de Marceline au mariage de Figaro. La scène 5 se situe avant le début du procès. Dans le monologue qui précède, le comte tente de comprendre ce qui se passe (...)
[...] Les adversaires alternent avancées, reculs, attaques et esquives. Ils se montrent fins et prudents : la ponctuation expressive marque cette joute (abondance de tournures exclamatives et interrogatives). Ils ne s'attaquent pas franchement mais montrent de la défiance : la question initiale du comte, peu précise (insistance sur le terme général de louche appelle la même imprécision dans les réponses de Figaro. Ce dernier emploie le pronom indéfini on pour ne pas nommer d'abord le comte (l.95) puis lui-même (l.103). De plus, il utilise le présent de vérité générale (l.95, l.102-105) qui implique que l'attitude du comte est habituelle. [...]
[...] La satire des grands : Il fustige la réputation qui ne s'appuie sur aucun mérite, à travers une question rhétorique l.108-109. Cette satire vise plus généralement les politiques et les hommes de pouvoir dans les lignes 123 à 134 : Figaro y accumule des chiasmes (l.124- 126), des antithèses (l.129-130 profond vide et creux l.130 bien mal l.132-133 pauvreté importance des tournures négatives ou restrictives (l.125 ne pas l.125-126 et 128 ne point l.129 ne que Le rythme saccadé de cette tirade (nombreuses propositions juxtaposées, de longueurs quasiment équivalentes) est soutenu par une ponctuation (virgules et points- virgules) qui donne un rythme mécanique à cet étalage d'arrivisme et de bassesse d'âme. [...]
[...] Le portrait du politique que fait Figaro s'apparente aussi à un autoportrait (cf. acte scène 1 : de l'intrigue, de l'argent, te voilà dans ta sphère ; acte II, scène 2 : j'étais né pour être courtisan Figaro est passé maître dans l'art du discours et de l'intrigue : le valet prend progressivement le pas sur son maître Un valet qui marche à la fortune : Un roturier talentueux : La grande agilité verbale de Figaro en fait un homme de talent. [...]
[...] Dans une troisième partie, l.115 à 139, Figaro expose sa conception de l'intrigue et de la politique. Avec une fausse modestie l.117-118, il réfute d'abord l'hypothèse du comte l.115-116. Ensuite il emploie le champ lexical des défauts, des vices qui contrastent avec la vision de la politique présentée par le comte : l.118 médiocre, rampant l.123-124. La joute, qui tourne à l'avantage de Figaro, comme l'atteste la longueur des répliques (15 lignes pour le comte lignes pour Figaro) se clôt par un double aparté qui traduit le repli des adversaires : aveu de défaite pour le comte, jubilation de Figaro. [...]
[...] Dans un second temps, l.107 à 114, Figaro fait une avancée sur ses nouvelles fonctions. L'aparté à mon tour maintenant renvoie au vocabulaire du duel et signale que Figaro passe à l'attaque. Il emploie des armes plus insidieuses que celles du comte, notamment l'obséquiosité[1] (l.107-108 : votre excellence et l'ironie : l.108 m'a gratifié et l.109 un fort joli sort sont des antiphrases, qui consistent à dire le contraire de ce que pense Figaro tout en faisant comprendre qu'il ne pense pas ce qu'il dit. [...]
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