Lecture méthodique sur l'Acte I, scène 10 de Le Mariage de Figaro de Beaumarchais.
[...] Au théâtre, en effet, nous ne pouvons avoir accès aux pensées secrète d'un personnage que par le truchement du monologue, quand le personnage est seul sur la scène, ou de l'aparté, autres personnages, dévoilent la lucidité du Comte je suis pris - et ses intentions cachées, qui constituent un moteur de l'action de la pièce : Faisons vite chercher Marceline En fait, au cours de cet extrait, nous voyons comment le comte, d'avoir décontenancé, se rétablie et reprend l'avantage : en effet, dans sa dernière réplique à sa voix haute c'est bien lui qui devient le manipulateur. Il obtient ainsi, sous prétexte de donner plus d'éclat à la cérémonie du mariage entre Figaro et Suzanne, un délai qui doit lui permettre de faire entrer Marceline en action. En effet, Marceline a les moyens de contraindre Figaro à l'épouser. [...]
[...] Figaro, de son côté, se montre plus acerbe encore. Se sentant victorieux, il jubile et accable son adversaire. En insistant sur les charmes de Suzanne, sui soi-disant révèlent la grandeur du sacrifice 23) que le comte a consenti, il fait sentir à ce dernier, en réalité, tout le poids de sa défaite, et la valeur de ce qu'il a perdu. Le Comte pris au piège On se représente aisément les sentiments qui agitent le Comte dans cet extrait. Furieux mais impuissant, il se débat d'abord, maladroitement, puis semble accepter sa défaite et se rendre : ce sont les termes qu'il utilise en répondant à son épouse. [...]
[...] Nul n'ignore quel poids peuvent avoir, dans la vie d'une collectivité, les rites et les symboles : ceux-ci ne remplacent pas les mort, mais en accroissent la porté. Ils constituent un autre langage ; peut-être plus puissant et plus direct. Le blanc, symbole de pureté, est judicieusement choisie dans ce contexte. Il est également significatif que Figaro [tienne] Suzanne par la main Ce geste est lui aussi symbolique, préfigurant en quelque sorte leur mariage : le valet montre au Comte, sans en avoir l'air, que Suzanne lui appartient. L'ironie La Comtesse laissait transparaître son ironie devant son époux. [...]
[...] D'une part, il se vengerait de la perfide Suzanne, en la privant de l'homme qu'elle aime ; d'autre part, il se réserverait un droit sur celle-ci, puisque dès lors elle serait toujours une fille célibataire. Conclusion Beaumarchais, dans ce passage, fait le procès de la noblesse, à travers la duplicité du Comte : il montre le contraste entre le mythe chevaleresque et la réalité tyrannique. C'est pourquoi il eut tant de mal à faire jouer cette pièce, il suggère que le peuple, aidé par un meneur habile, peut faire céder le pouvoir féodal. [...]
[...] Beaumarchais, par la négative, montre donc son personnage féodal comme ce qu'il est c'est-à-dire menteur, cupide, arbitraire et volage. L'usage de la foule et des symboles Figaro en bon meneur du peuple sait utiliser ce dernier représenté ici par les vassaux réunis pour faire pression sur le Comte. Lorsque ce dernier commence une tirade embarrassée pour tenter de se tirer d'affaires, le valet n'hésite pas à lui couper la parole, pour faire appel à la foule : Joignez-vous à moi, mes amis ! [...]
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