Lecture analytique de l'Acte V scène 3 de Le Mariage de Figaro de Beaumarchais. Cette lecture répond à la question : "Comment la satire sociale est-elle intégrée au récit autobiographique de Figaro ?".
[...] vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus. Du reste, homme assez ordinaire ! tandis que moi, morbleu ! perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs pour subsister seulement qu'on en n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes ; et vous voulez jouter On vient c'est elle ce n'est personne. la nuit est noire en diable, et me voilà faisant le sot métier de mari, quoique je ne le sois qu'à moitié ! [...]
[...] nul animal créé ne peut manquer à son instinct ; le tien est-il donc de tromper ? . Après m'avoir obstinément refusé quand je l'en pressais devant sa maîtresse à l'instant qu'elle me donne sa parole, au milieu même de la cérémonie 2 Il riait en lisant, le perfide ! et moi comme un benêt ! non, Monsieur le Comte, vous ne l'aurez pas vous ne l'aurez pas. Parce que vous êtes un grand seigneur, vous vous croyez un grand génie ! . noblesse, fortune, un rang, des places ; tout cela rend si fier ! [...]
[...] Pierre Augustin Caron de Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte scène devant sa maîtresse : Figaro avait demandé à Suzanne de donner au comte un faux rendez-vous 2 la cérémonie : pendant la fête en l'honneur de son mariage, Suzanne a glissé au comte le billet du faux rendez-vous, mais sans prévenir Figaro 3 terme : moment de payer le loyer 4 recors : huissier 5 je m'évertue : je persévère, poursuis mes efforts 6 cuvé : vidé, réduit à rien 7 aller sur les brisées : entrer en concurrence 8 banquier de pharaon : jeu de cartes Comment la satire sociale est-elle intégrée au récit autobiographique de Figaro ? Point d'orgue de la pièce. Monologue de Figaro (l‘ancien valet du comte Almaviva). Monologue existentiel, polémique car il remet en question tous les rouages de la société du XVIIIe siècle. Figaro est un héro picaresque un picaro (terme du XVIIe siècle). Ce héro sert à dénoncer. De nombreux romans picaresques ont vu le jour en France au XVIIIe siècle : Gil Blas de Lesage. [...]
[...] Ne pouvant avilir l'esprit, on se venge en le maltraitant. Mes joues creusaient ; mon terme 3 était échu ; je voyais de loin arriver l'affreux recors la plume fichée dans sa perruque ; en frémissant je m'évertue 5. Il s'élève une question sur la nature des richesses ; et, comme il n'est pas nécessaire de tenir les choses pour en raisonner, n'ayant pas un sou, j'écris sur la valeur de l'argent et sur son produit net : sitôt je vois du fond d'un fiacre baisser pour moi le pont d'un château fort, à l'entrée duquel je laissai l'espérance et la liberté. [...]
[...] Mais comme chacun pillait autour de moi, en exigeant que je fusse honnête, il fallut bien périr encore. Pour le coup je quittai le monde, et vingt brasses d'au m'en allaient séparer, lorsqu'un dieu bienfaisant m'appelle à mon premier état. Je reprends ma trousse et mon cuir anglais ; puis, laissant la fumée aux sots qui s'en nourrissent, et la honte au milieu du chemin, comme trop lourde à un piéton, je vais rasant de ville en ville, et je vis enfin sans souci. [...]
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