Nous nous demanderons donc dans quelle mesure ce monologue a toutes les couleurs d'un réquisitoire social. Nous étudierons donc, tout d'abord, la composition du monologue. Ensuite nous chercherons à montrer qu'il s'agit d'un réquisitoire social (...)
[...] A travers cette composition transparaît la volonté de Figaro de rendre des comptes à ses dépréciateurs, à ceux qui se sont opposés à ses actions passées. La mise en scène de cette alternance récit-dialogue : Ce monologue répond à une véritable mise en scène. De fait, les passages dialogués sont couplés avec la position levée. Aussi, notons l'importance des didascalies (indications scéniques) : Il se lève Il se rassied Cette gestuelle permet de combattre la monotonie d'un monologue extrêmement long et surtout d'intéresser le spectateur, qui doit partager l'émotion de Figaro faisant le récit de son existence. [...]
[...] Enfin, nous verrons comment le valet de comédie devient un personnage romanesque. I Une composition originale : Les deux composantes du monologue : Ce monologue est composé de façon tout à fait originale. En effet, il se présente comme un récit entrecoupé de passages dialogués qui ne cessent d'interrompre le narratif. Par exemple, nous notons la présence d'un verbe introducteur : je lui dirais En outre, figure une ponctuation propre au discours rapporté : nous relevons la présence de tirets. [...]
[...] Sur le plan des idées, Beaumarchais se montre aussi en avance sur l'Histoire. En effet, la révolte exprimée par Figaro contre les nobles annonce la Révolution française, qui se déroulera cinq ans après la publication de la pièce, et qui abolira les privilèges de ces derniers. C'est cet esprit novateur qui fut condamné à l'époque Louis XVI trouva la pièce détestable et injouable - par nombre de procès, mais c'est aussi cet esprit novateur qui nous permet de considérer Beaumarchais comme l'un des plus grands dramaturges du 18ème siècle. [...]
[...] Un homme qui souffre : Figaro est parfois drôle mais jamais ridicule. Il a de l'humour, et cet humour peut aussi bien être dirigé contre les autres que contre lui- même. Il est capable de tourner en autodérision certaines des situations dans lesquelles il s'est trouvé. Par exemple, nous relevons l'euphémisme pendant ma retraite économique Cet euphémisme désigne la période durant laquelle le héros a été emprisonné à la Bastille. Cette manière de tourner en dérision des situations tragiques revêt des aspects pathétiques et suscite la compassion, la pitié du spectateur, ce qui est particulièrement original : nous sommes bien loin des valets de Molière suscitant le rire franc du public. [...]
[...] Les autres cibles de Figaro : Figaro formule une attaque contre l'arbitraire des puissants en général, exprimée au début : ces puissants de quatre jours De même, le système judiciaire n'est guère moins obscur : la périphrase château fort désignant la prison de la Bastille, montre l'incompréhension du héros au moment où il en sort comme au moment où il y est entré. Enfin, les autres cibles de la violente critique du héros ne sont pas nommées. En effet, à la fin du texte, elles sont désignées par le pronom indéfini on : on pense à moi Il apparaît donc comme la victime de l'intolérance généralisée de son époque, c'est-à-dire de l'époque prérévolutionnaire. [...]
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