Commentaire de l'oeuvre de Beaumarchais, Le mariage de Figaro
Les premières versions du Mariage ont été corrigées par Beaumarchais de leurs aspects ouvertement licencieux ou suggestifs. Il reste néanmoins dans la version définitive des situations propres à scandaliser les censeurs, non par ce qu'elles montrent mais plutôt par ce qu'elles laissent entendre ou imaginer.
[...] ] Il n'y a rien de si barbare et de si ridicule que d'avoir attaché l'honneur et la vertu des femmes à la résistance qu'elles mettent à des désirs qu'elles ont reçus de la nature et qu'échauffent sans cesse ceux qui ont la barbarie de les blâmer." (Français encore un effort si vous voulez être républicains 1795). [...]
[...] Pourtant, dans certains passages, on peut voir le valet se poser en égal et même en concurrent ( et, pourquoi pas, en successeur ) du maître pour remplir les fonctions que le privilège de la naissance réserve à celui- ci. Figaro ne voit dans la politique telle que l'exercent les Grands que comédie et faire-semblant ( III.5 ) et se déclare capable d'être courtisan aussi bien qu'eux ( II-2 Défi plus net encore dans le monologue de l'acte " Et vous voulez jouter . lance-t-il au comte. [...]
[...] Implicitement, les insolences de Figaro et de Suzanne protestent contre cet ordre, et même s'ils ne veulent ou ne pensent pas à le changer, ceci les constitue en adversaires potentiels des maîtres; cette liberté de ton révèle, sous les complicités occasionnelles (Figaro, le comte) ou même l'affection (Suzanne, la comtesse), un antagonisme latent que l'irritation devant un reproche trop vif ou une remarque trop cynique fait surgir au grand jour. Les institutions sont également critiquées. La justice est attaquée directement par Figaro: elle est "indulgente aux grands, dure aux petits" (III.5). Elle est aussi caricaturée et ridiculisée tout au long de l'acte III en la personne de Brid' Oison; c'est tout un symbole du fonctionnement de la justice sous l'ancien régime : chargé de " dire le droit il bégaye. [...]
[...] Entre maîtres et domestiques, le désir ne peut aller que du maître à la servante, Ainsi, d'une part, le comte use des privilèges de son rang pour satisfaire le désir qu'il éprouve pour Suzanne: "il y a de l'abus, Monsieur le comte", commente Figaro ( 1.2 et, dans ce propos, le thème politique (l'abus de pouvoir) se mêle au thème sexuel (il veut abuser de Suzanne). D'autre part, la rivalité amoureuse du comte et de Figaro (en tant qu'horn mes) se double de l'opposition des conditions (maître, valet). [...]
[...] L'équivoque s'introduit aussi dans la pièce par la situation oedipienne que constituent aussi bien l'amour de Marceline pour Figaro que les relations de désir réciproques entre la marraine (la comtesse Almaviva) et son filleup- (Chérubin) qui se concrétiseront la nuit suivant la "folle journée" comme on l'apprend par La Mère coupable (II.1). Equivoque également est la scène où Chérubin déguisé en fille trouble et la comtesse et Suzanne par la blancheur de sa peau (II.6), l'effet produit étant redoublé pour le spectateur ou la spectatrice du temps du fait que le rôle était interprété par une actrice. [...]
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