Dans cette première scène de l'acte II, Suzanne retrouve la Comtesse et lui fait un bref récapitulatif des événements qui se sont déroulés dans l'acte précédent. C'est alors l'occasion pour la Comtesse d'exposer ses sentiments, ses doutes et ses chagrins, se révélant ainsi davantage au lecteur. Mais, c'est surtout pour Beaumarchais l'opportunité de féminiser le couple conventionnel maître-valet. Face à l'adversité, cette nouvelle complicité va jouer un rôle essentiel et nécessaire au dénouement de la pièce (...)
[...] Une relation originale et affective - Une réelle complicité Bien que cette relation maître-valet semble assez conventionnelle et supportée par l'ordre social établi entre les deux femmes, le lien qui les unit est bien plus solide, renforcé par la nécessité d'une alliance rendue capitale pour s'opposer au Comte. Plus qu'une maîtresse et sa servante, ce sont ici deux femmes qui s'allient pour être plus fortes et se montrent très complices, voire même amicales. Au cours de cette scène, cette nouvelle alliance permet d'individualiser : - l'affection de la Comtesse. Bien au-delà de ce qu'une banale relation maîtresse-servante peut laisser supposer, les termes affectifs qu'elle utilise témoignent d'un réel attachement : le diminutif récurrent Suzon (lignes ma pauvre Suzanne (ligne ma chère (ligne 29). [...]
[...] Monseigneur n'y met pas tant de façon avec sa servante : il voulait m'acheter. LA COMTESSE. Et le petit page était présent ? SUZANNE. C'est-à-dire caché derrière le grand fauteuil. Il venait me prier de vous demander sa grâce LA COMTESSE. Hé, pourquoi ne pas s'adresser à moi-même ? est-ce que je l'aurais refusé Suzon ? SUZANNE. C'est ce que j'ai dit : mais ses regrets de partir, et surtout de quitter Madame ! Ah ! Suzon, qu'elle est noble et belle ! [...]
[...] Moi qui l'ai toujours protégé SUZANNE. Puis il a vu votre ruban de nuit que je tenais : il s'est jeté dessus . LA COMTESSE, souriant. Mon ruban ? . Quelle enfance SUZANNE. J'ai voulu le lui ôter ; Madame, c'était un lion ; ses yeux brillaient . Tu ne l'auras qu'avec ma vie disait-il en forçant sa petite voix douce et grêle. LA COMTESSE, rêvant. Eh bien, Suzon ? 20 SUZANNE. Eh bien, Madame, est-ce qu'on peut faire finir ce petit démon-là ? [...]
[...] les nombreuses exclamations, qui témoignent de son trouble . les didascalies, comme se lève et se promène en se servant fortement de l'éventail (ligne suggérant le trouble et rappelant que le sujet est toujours rendu sensible par le sentiment ressenti. Néanmoins, la Comtesse emploie le passé pour évoquer son mari, et les termes lassé et fatigué (ligne 30) laissent entendre qu'elle n'a plus beaucoup d'illusions sur la viabilité de leur relation : Il ne m'aime plus du tout (ligne 27). [...]
[...] Ses questions motivent le rapport de Suzanne, introduit par la question Et le petit page était présent ? (ligne 7). La parenthèse ainsi ouverte s'étend jusqu'à la ligne 24 et permet de noter : .de nombreux points d'interrogation émaillant ses propos (lignes ) et soulignant la demande de précisions à sa camériste. Ils témoignent de son vif intérêt pour ce qui lui est rapporté . sa complaisance et son attendrissement (Mon ruban ? . Quelle enfance, ligne soulignés par la répétition des didascalies qui évoquent de sa part une attitude équivoque (rêvant, lignes 19 et 23). [...]
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