Dans ce début de la scène 3 du Vème et dernier acte, monologue le plus long du théâtre classique des XVIIème et XVIIIème siècles et scène la plus célèbre de l'oeuvre, les sentiments et les pensées de Figaro sont confus. Se situant entre amertume et autodérision, le valet fait alors le récit de son propre parcours difficile, en y détaillant les étapes, les échecs et les désillusions. Puis le monologue prend l'aspect d'un discours critique contre un ordre social injuste, contre la censure et pour les libertés (...)
[...] perdu dans la foule obscure, il m'a fallu déployer plus de science et de calculs, pour subsister seulement, lignes 7 à 10). Il s'agit en fait d'une mise en perspective des deux grandes situations sociales du XVIIIème siècle. Le récit qui va suivre ne sera alors qu'une illustration de cette interrogation de Figaro : Est-il rien de plus bizarre que ma destinée ? (ligne 13). Un désir de reconnaissance sociale La vie de Figaro, vie picaresque et démultipliée, passe par une accumulation de métiers, soulignant alors le désir de l'auteur de voir son personnage représenter l'ensemble des roturiers. [...]
[...] 27) Derechef : de nouveau. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Pierre-Augustin Caron (1739-1799) est un écrivain et dramaturge français, figure emblématique du siècle des Lumières. En 1756, il profite d'un riche mariage pour prendre le nom d'une terre appartenant à sa première épouse : Beaumarchais. Sa vie fut pleine d'aventures et de rebondissements, marquée par des goûts professionnels éclectiques : horloger du Roi, professeur de harpe des filles de Louis XV, inventeur, espion, marchand d'armes, spéculateur . Le Mariage de Figaro ou La Folle journée est une comédie en cinq actes, écrite en 1778 et dont la particularité est de se dérouler sur vingt-quatre heures, le début se situant le matin dans la chambre de Suzanne, et la fin sous les marronniers la nuit. [...]
[...] Puis le monologue prend l'aspect d'un discours critique contre un ordre social injuste, contre la censure et pour les libertés. Le récit d'un parcours difficile Afin d'expliciter les sentiments et les pensées de Figaro, Beaumarchais a recours au monologue, convention théâtrale qui lui permet d'exposer à haute voix les émotions du personnage. Le lecteur prend ainsi conscience du parcours chaotique du valet. Le ressentiment envers le Comte Dans un premier temps et de manière explicite, Figaro va livrer son opinion sur le Comte. [...]
[...] (Il se rassied.) Las de nourrir un obscur pensionnaire, on me met un jour dans la rue ; et comme il faut dîner, quoiqu'on ne soit plus en prison, je taille encore ma plume, et demande à chacun de quoi il est question on me dit que, pendant ma retraite économique il s'est établi dans Madrid un système de liberté 40 sur la vente des productions qui s'étend même à celles de la presse ; et que, pourvu que je ne parle en mes écrits ni de l'autorité, ni du culte, ni de la politique, ni de la morale, ni des gens en place, ni des corps en crédit ni de l'Opéra, ni des autres spectacles, ni de personne qui tienne à quelque chose, je puis tout imprimer librement, sous l'inspection de deux ou trois censeurs. Pour profiter de cette douce liberté j'annonce un écrit périodique, et, croyant n'aller sur les brisées d'aucun autre, je le nomme Journal inutile. Pou-ou ! je vois s'élever contre moi mille pauvres diables à la feuille on me supprime et me voilà derechef sans emploi ! [ ] Beaumarchais, Le Mariage de Figaro, Acte scène 3 (extrait). Animal : être animé. [...]
[...] Alors que le Comte connaît passivité, opulence et profusion de richesses (Qu'avez-vous fait pour tant de bien ligne il lui a fallu déployer plus de science et de calculs, pour subsister seulement (lignes pour un résultat vain mis en valeur par une hyperbole : qu'on n'en a mis depuis cent ans à gouverner toutes les Espagnes (lignes 10-11). De plus, vers la fin du monologue, en faisant référence aux événements du Barbier de Séville Un grand seigneur passe à Séville ; il me reconnaît, je le marie ; et pour prix d'avoir eu par mes soins son épouse, il veut intercepter la mienne ! Figaro rappelle que, sans lui, le Comte aurait connu bien des difficultés. [...]
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