Dans cette dernière scène de la pièce, lorsque le rideau tombe, tous les personnages sont sur scène et l'équilibre semble restauré : les couples se sont reformés, la bonne humeur est constante. Mais le lecteur a parfaitement conscience qu'il y a peu de chance pour que le Comte soit corrigé de son libertinage. De plus, malgré cette apparente réconciliation, la morale demeure ambiguë, laissant à la pièce la porte ouverte au troisième volet de la trilogie, La Mère coupable (...)
[...] LA COMTESSE, absorbée, revient à elle et dit avec sensibilité : Ah ! oui, cher Comte, et pour la vie, sans distraction je vous le jure. LE COMTE, frappant sur l'épaule du juge. Et vous, don Brid'oison, votre avis maintenant ? 40 BRID'OISON. Su-ur tout ce que je vois, monsieur le Comte ? . Ma-a foi, pour moi je-e ne sais que vous dire : voilà ma façon de penser. TOUS, ensemble. Bien jugé ! FIGARO. J'étais pauvre, on me méprisait. [...]
[...] Beaumarchais joue sur les deux sens de l'expression. ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Pierre-Augustin Caron (1739-1799) est un écrivain et dramaturge français, figure emblématique du siècle des Lumières. En 1756, il profite d'un riche mariage pour prendre le nom d'une terre appartenant à sa première épouse : Beaumarchais. Sa vie fut pleine d'aventures et de rebondissements, marquée par des goûts professionnels éclectiques : horloger du Roi, professeur de harpe des filles de Louis XV, inventeur, espion, marchand d'armes, spéculateur . Le Mariage de Figaro ou La Folle journée est une comédie en cinq actes, écrite en 1778 et dont la particularité est de se dérouler sur vingt-quatre heures, le début se situant le matin dans la chambre de Suzanne, et la fin sous les marronniers la nuit. [...]
[...] (Les garçons de la noce veulent la ramasser.) CHÉRUBIN, plus alerte, court la prendre, et dit : Que celui qui la veut vienne me la disputer ! LE COMTE, en riant, au page. Pour un monsieur si chatouilleux, qu'avez-vous trouvé 30 de gai à certain soufflet de tantôt ? CHÉRUBIN recule en tirant à moitié son épée. À moi, mon colonel FIGARO, avec une colère comique. C'est sur ma joue qu'il l'a reçu : voilà comme les grands font justice ! LE COMTE, riant. C'est sur sa joue ? Ah ! ah ! [...]
[...] Si le valet y préserve ses intérêts, la morale de cet épisode est bien plus complexe. Le Comte sauvera ses apparences sociales mais sa vie privée semble bien compromise. Elle suggère l' effritement de l'élite de la société d'alors qui culminera cinq ans plus tard, lors de la Révolution Française, avec la perte des avantages conférés par une position sociale élitiste. La complexité de cette morale est soulignée par l'éloge du badinage et de l'infidélité dont rend compte le Vaudeville final : Qu'un mari sa foi trahisse, Il s'en vante, et chacun rit : Que sa femme ait un caprice, S'il l'accuse, on la punit. [...]
[...] (Elle se relève.) SUZANNE se relève. Moi aussi. MARCELINE se relève. Moi aussi FIGARO se relève. Moi aussi, il y a de l'écho ici ! (Tous se relèvent.) LE COMTE. De l'écho ! J'ai voulu ruser avec eux ; ils m'ont traité comme un enfant ! LA COMTESSE, en riant. Ne le regrettez pas, monsieur le Comte. FIGARO, s'essuyant les genoux avec son chapeau. Une petite journée comme celle-ci forme bien un ambassadeur ! 15 LE COMTE, à Suzanne. Ce billet fermé d'une épingle ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture