Pour la première et unique fois depuis le début de la pièce, le Comte et Figaro se retrouvent seuls. Se sentant dupé de toutes parts, le Comte veut ici sonder Figaro pour savoir si Suzanne lui a confié leur secret commun, auquel cas il empêchera leur mariage. Figaro, qui a pénétré les projets de son maître, défend sa femme à couvert, en feignant l'ignorance. Le dialogue repose alors sur l'implicite et la stratégie de Figaro consiste à esquiver et à détourner l'attention du Comte : l'enjeu devient alors politique, critique, tandis que la relation maître / valet s'inverse (...)
[...] elle vous sangle un soufflet de crocheteur : preuve qu'elle entend. Les Anglais, à la vérité, ajoutent par-ci, par-là, quelques autres mots en conversant ; mais il est bien aisé de voir que God-dam est le fond de la langue ; et si Monseigneur n'a pas d'autre motif de me laisser en Espagne . LE COMTE, à part. Il veut venir à Londres ; elle n'a pas parlé FIGARO, à part. Il croit que je ne sais rien ; travaillons-le un peu dans son genre. [...]
[...] Combien me donnâtes-vous pour la tirer des mains du docteur Tenez Monseigneur, n'humilions pas l'homme qui nous sert bien, crainte d'en faire un mauvais valet. LE COMTE. Pourquoi faut-il qu'il y ait toujours du louche en ce que tu fais ? FIGARO. C'est qu'on en voit partout quand on cherche des torts. LE COMTE. Une réputation détestable ! 75 FIGARO. Et si je vaux mieux qu'elle ? Y a-t-il beaucoup de seigneurs qui puissent en dire autant ? LE COMTE. Cent fois je t'ai vu marcher à la fortune, et jamais aller droit. [...]
[...] C'est la fin d'une réponse que je faisais : allez le dire à ma femme, s'il vous plaît LE COMTE se promène. Sa femme ! . Je voudrais bien savoir quelle affaire peut arrêter monsieur, quand je le fais appeler ? FIGARO, feignant d'assurer son habillement. Je m'étais sali sur ces couches en tombant ; je me changeais. LE COMTE. Faut-il une heure ? 20 FIGARO. Il faut le temps. LE COMTE. Les domestiques ici sont plus longs à s'habiller que les maîtres ! FIGARO. [...]
[...] À la fortune ? (À part.) Voici du neuf. FIGARO, à part. À mon tour maintenant. (Haut.) Votre Excellence m'a gratifié de la conciergerie du château ; c'est un fort joli sort : à la vérité, je ne serai pas le courrier étrenné des nouvelles intéressantes ; mais, en revanche, heureux avec ma femme 85 au fond de l'Andalousie LE COMTE. Qui t'empêcherait de l'emmener à Londres ? FIGARO. Il faudrait la quitter si souvent, que j'aurais bientôt du mariage par-dessus la tête. [...]
[...] LE COMTE. Avec du caractère et de l'esprit, tu pourrais un jour t'avancer dans les 90 bureaux. FIGARO. De l'esprit pour s'avancer ? Monseigneur se rit du mien. Médiocre et rampant, et l'on arrive à tout. LE COMTE . Il ne faudrait qu'étudier un peu sous moi la politique. FIGARO. Je la sais LE COMTE. Comme l'anglais, le fond de la langue ! FIGARO. Oui, s'il y avait ici de quoi se vanter. [...]
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