Après l'acte d'exposition, le deuxième marque le lancement de l'intrigue. Figaro a remis à Bazile un mot anonyme avertissant son maître d'un supposé rendez-vous entre la Comtesse et un galant, le soir même, durant le bal. Il est convenu d'y envoyer Chérubin que Suzanne et la Comtesse déguisent quand, trop tôt revenu de la chasse, le Comte frappe à la porte et croit surprendre en Chérubin l'auteur du billet galant adressé à sa femme. Pour éviter la jalousie et la colère du Comte, le page se dissimule dans le cabinet de toilette.
Dans cette scène, tandis que la Comtesse prétend que c'est Suzanne qui se trouve dans le cabinet, le Comte demande à la voir (...)
[...] Cela crée une dynamique particulière avec une tension dramatique qui fait prévoir un renversement de situation. Le lecteur-spectateur attend un dénouement favorable à la Comtesse. Une moralité cloîtrée Cet enfermement moral des personnages concerne essentiellement les principaux protagonistes de la scène, mais pas seulement : - le Comte s'enferme dans un raisonnement et une situation qui selon lui n'auront d'autre issue que de piéger son épouse. Il n'envisage aucune autre possibilité pour dénouer la situation. Ainsi, son pouvoir est mis à mal par l'enfermement. [...]
[...] T E X T E Acte II Scène 13. LE COMTE, LA COMTESSE, SUZANNE entre avec des hardes et pousse la porte du fond. LE COMTE. Ils en seront plus aisés à détruire. (Il parle au cabinet.) Sortez, Suzon, je vous l'ordonne ! (Suzanne s'arrête auprès de l'alcôve du fond.) LA COMTESSE. Elle est presque nue, monsieur ; vient-on troubler ainsi des femmes dans leur retraite ? Elle essayait des hardes que je lui donne en la mariant ; elle s'est 5 enfuie quand elle vous a entendu. [...]
[...] (Suzanne, restée au fond, se jette dans l'alcôve et s'y cache.) LA COMTESSE, vivement, parlant au cabinet. Suzon, je vous défends de répondre. (Au 10 Comte.) On n'a jamais poussé si loin la tyrannie ! LE COMTE s'avance au cabinet. Oh ! bien, puisqu'elle ne parle pas, vêtue ou non, je la verrai. LA COMTESSE se met au-devant. Partout ailleurs je ne puis l'empêcher mais j'espère aussi que chez moi 15 LE COMTE. Et moi j'espère savoir dans un moment quelle est cette Suzanne mystérieuse. [...]
[...] Il défoncera même la porte du cabinet de toilette dans la scène suivante. - l'absence de réel respect de son épouse. D'abord il l'interrompt (ligne 14) avant de la forcer à le suivre à la fin de la scène (Maintenant que cette chambre est close, acceptez mon bras, je vous prie, lignes 29-30). - des relations distantes. Si le vouvoiement était de règle chez les nobles de ce siècle, les excès de civilité des titres monsieur (ligne et madame (ligne 20) semblent éloigner les deux personnages. [...]
[...] monsieur, qui songe à vous contrarier ? 25 LE COMTE. Ah ! j'oubliais la porte qui va chez vos femmes ; il faut que je la ferme aussi, pour que vous soyez pleinement justifiée. (Il va fermer la porte du fond et en ôte la clef.) LA COMTESSE, à part. Ô ciel ! étourderie funeste ! LE COMTE, revenant à elle. Maintenant que cette chambre est close, acceptez mon 30 bras, je vous prie ; (il élève la voix) et quant à la Suzanne du cabinet, il faudra qu'elle ait la bonté de m'attendre ; et le moindre mal qui puisse lui arriver à mon retour . [...]
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