En 1913, Louis Hémon, un français ayant vécu au Québec, publie le roman "Maria Chapdelaine". Ce roman très documenté dépeint la vie des « habitants » francophones et de leur environnement au public français, pour qui ce pays et ses mœurs restent méconnus.
Tout d'abord décrié, le roman sera plus tard considéré comme fondateur de la littérature québécoise, affichant bon nombre de lieux communs révélateurs de toute une culture.
Cet extrait particulièrement, situé à la quasi fin de l'œuvre, juste avant le dénouement, souligne le côté identitaire du roman.
On retrouve Maria et son père auprès de madame Chapdelaine récemment décédée, juste après la confession de M. Chapdelaine quant à la vie rude passée avec sa femme.
Au fil de cet extrait, les personnages vont se révéler à eux-mêmes et aux lecteurs, jusqu'à prendre une dimension universelle.
Puis, ce sera le mode de vie, le travail agricole calqué sur les saisons qui montrera son aspect redondant, rassurant et inéluctable pour enfin nous conduire sûrement jusqu'au dénouement, au choix de Maria, indissociable de cette vie québécoise bien spécifique.
[...] Il s'agira donc de voir en quoi cet extrait emmène le cas particulier de la famille Chapdelane à quelque chose de général sur le mode de vie au Québec et sur l'affirmation de son identité. Des personnages transcendés -Dans cet extrait, la narration emmène le lecteur à prendre du recul vis-à- vis des personnages en leur conférant un caractère non plus relatif au seul cas des Chapdelaine, mais commun à tous les habitants du Québec LE PERE -Tout au long du roman , M Chapdelaine reste sobre, distant , de ses sentiments ; mais après le décès de sa femme et le bilan de sa vie passée, il semble ruminer longuement son regret et son chagrin p.179. [...]
[...] LA LANGUE Cette langue française au Québec est une exception ; la province étant encerclée d'anglophones, que ce soit les autres provinces du Canada, ou les Etats-Unis au sud. P.185, la province est resituée géographiquement grâce aux frontières linguistiques : Vers l'ouest, dés qu'on sortait de la province, vers le sud, dés qu'on avait passé la frontière, ce n'était plus partout que des noms anglais On voit ici l'une des craintes principales du Québec, celle de devenir une province anglophone. [...]
[...] Un éternel recommencement Ces voix qui parlent à Maria vont lui rappeler le quotidien de sa condition de vie, rythme des saisons et travail de la terre, mais l'éclairer sous un jour nouveau, le recommencement sans fin d'une vie familière et réconfortante. LE RYTHME DES SAISONS. p.182-183, la première voix rappelle à Maria le déroulement d'une année, de l'hiver à l'hiver. Mais cette description prend un caractère idyllique face à la réalité des difficultés traversées tout au long du roman. [...]
[...] Pour ne pas que cette culture disparaisse, il faut donc vivre au plus près des premiers colons Nous sommes venus il y a trois cents ans, et nous sommes restés P186. La conclusion de la voix de Québec montre clairement cette prise de position p.188 : Au pays de Québec, rien ne doit mourir et rien ne doit changer La rigueur des hivers, le labeur quotidien et ce mode de vie au confort rudimentaire sont donc le prix à payer de la revendication de l'identité québécoise, face à ces étrangers qu'il nous plaît d'appeler des barbares p.187. [...]
[...] La religion , le travail laborieux des terres, la rigueur des saisons qui nous sont montrés tout au long du roman se cristallisent ici comme une vue d'ensemble , un regard en arrière, qui , mis à plat et détaché de l'action ,révèlerait subitement tout son sens et toute son importance. Cependant, ces lieux communs , certes exotiques pour le public français d'alors, peuvent apparaître caricatural pour les Québécois contemporains à la publication du roman, justifiant peut-être le mauvais accueil de Maria Chapdelaine lors de sa première publication. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture