Qui mieux que Marguerite Duras, auteur de l'Amant, peut raconter les pensées et les rêves d'une jeune fille ? Dans Un barrage contre le Pacifique, publié en 1950, Marguerite Duras choisit pour personnage Suzanne, jeune fille de 16 ans à la vie difficile. Dans l'extrait qui nous intéresse, elle choisit cependant de nous relater une après-midi de Suzanne au cinéma pour nous révéler à travers cette expérience le visage d'une jeune fille rêveuse et pleine d'illusions, une jeune fille somme toute semblable à bien d'autres héroïnes romantiques de la littérature française. Cette page est donc celle d'un roman; pourtant l'auteur en dit plus sur le film que sur le personnage lui-même. Au final cependant, c'est bien un portrait de Suzanne que le lecteur doit saisir. Ainsi la caractérisation n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît, car laissant une place importante au fait cinématographique, c'est ce que nous verrons dans un premier temps. C'est cette importance laissée au film lui-même qui nous révèle, dans un second temps, ce qui est dit dans cette page, sur le cinéma et sur Suzanne de façon implicite. Enfin, c'est dans la manière de dire que Marguerite Duras donne un véritable renouveau à la page, c'est-à-dire dans la langue elle-même, qui lui est propre.
[...] Suzanne projette ses désirs dans ce personnage, s'identifie à lui, et retrouve d'ailleurs la même amertume que lui. Ce récit de film enchâssé met donc en évidence la valeur métaphorique et analogique que prend son expérience du cinéma, mais dresse aussi un portrait plus précis de Suzanne elle-même. Un personnage lyrique conventionnel Suzanne apparaît comme un personnage lyrique, un personnage féminin somme toute conventionnel. Le film qui nous est raconté et dans lequel elle se projette volontiers est le type même du film romantique, voire mélodramatique, aux situations les plus attendues. [...]
[...] Marguerite Duras : la scène du cinéma dans Un barrage contre le Pacifique Qui mieux que Marguerite Duras, auteur de l'Amant, peut raconter les pensées et les rêves d'une jeune fille ? Dans Un barrage contre le Pacifique, publié en 1950, Marguerite Duras choisit pour personnage Suzanne, jeune fille de 16 ans à la vie difficile. Dans l'extrait qui nous intéresse elle choisit cependant de nous relater une après-midi de Suzanne au cinéma pour nous révéler à travers cette expérience le visage d'une jeune fille rêveuse et pleine d'illusions, une jeune fille somme toute semblable à bien d'autres héroïnes romantiques de la littérature française. [...]
[...] La technique consiste à décrire des images linéairement dans l'ordre où le cinéphile les recevrait. Enfin Marguerite Duras nous livre aussi l'effet que produit le film sur Suzanne, c'est-à-dire une identification au personnage et donc l'émotion, matérialisée par la ponctuation notamment. Un récit enchâssé Enfin, cette scène de film qui semble être l'objet de l'extrait n'a en fait d'intérêt qu'en tant que récit enchâssé dans le roman. Sa composition est précise : tout d'abord, Suzanne au cinéma, puis un récit du film, puis retour à Suzanne. [...]
[...] Elle nous livre dès le premier paragraphe ce que représente pour elle le cinéma. Il est avant tout protection : elle s'y réfugie et s'y cache parmi la masse. Elle s'y sent invisible, invincible la virgule pouvant matérialiser un lien de cause à effet ici, et indiquer que le cinéma pour Suzanne est un lieu de refuge, de régénération, donc une oasis C'est encore un lieu où elle a l'impression d'appartenir au monde, dans cette nuit égalitaire démocratique ouverte à tous, offerte à tous Enfin le cinéma lui permet de fuir sa vie réelle, il est échappatoire et consolateur. [...]
[...] Autre refus des conventions : l'absence de marqueurs d'énonciation (de guillemets notamment) dans le dialogue du film. Enfin, la syntaxe est parfois inhabituelle voire volontairement bousculée. Cela traduit un certain renouveau dans la disposition des termes (l'expression une certaine habitude aurait été normalement clivée à gauche), ce qui demande au lecteur une participation à la lecture et lui refuse une consommation simple du texte. La cohabitation de deux langues dans la page Ce même exemple révèle par ailleurs une autre originalité esthétique de cette page : la cohabitation de deux langues. [...]
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