Manon Lescaut, Abbé Prévost, analyse linéaire, Des Grieux, hyperbole, personnification
Dans un premier mouvement, on peut observer la dévotion totale et aveugle de Des Grieux à Manon. En employant l'impératif à deux reprises : « Venez » (x2), le jeune homme encourage Manon à poursuivre son existence avec lui, peu importe les obstacles qui se dresseront devant eux. Il exprime cette possibilité à travers l'emploi des mots « sort » et « ciel » (l.2) ici personnifiés, rappelant ainsi la notion de destin, de fatalité, déjà exprimé par Des Grieux lorsqu'il rapporte sa rencontre avec Manon. Cela suppose que les deux amants n'ont pas de libre-arbitre, que leur vie est décidée par une force supérieure contre laquelle ils ne peuvent rien.
[...] La vision que partage DG de la justice apparaît donc faussé par ses sentiments pour sa dulcinée, et prédéterminée par la naissance et non par le mérite. Il exprime leurs « qualités » sur un rythme ternaire : « de l'esprit, du goût, des sentiments ». DG poursuit sa plainte avec l'interjection « Hélas » (l.16), ajoutée à la modalité exclamative très présente sur l'extrait, symbole de désespoir. Cette interjection nuance l'accusation précédemment portée au Ciel : DG reconnaît que lui et Manon n'exploitent pas leurs qualités dans leur plein potentiel comme le montrent le verbe « faire » attribuer au sujet « nous » et le nom « usage » (l.16). [...]
[...] Ainsi, comme une petite fille, « elle se m[e]t dans [s]es bras » (l.4) et reste silencieuse : « Je ne lui avais pas entendu prononcer un mot depuis le premier moment de l'arrivée de G . M . » (l.4 et 5). Elle semble ressentir de la culpabilité, comme le suggère sa tentative de se faire pardonner auprès de Des Grieux, exprimée pas l'hyperbole « mille tendresses » (l.6) et le participe présent « en se reprochant d'être la cause de mon malheur » (l.7) Des Grieux rassure sa maîtresse : « Je l'assurai que je ne me plaindrais jamais de mon sort, tant qu'elle ne cesserait pas de m'aimer. [...]
[...] L'inquiétude de DG est exprimée par l'hyperbole lignes 18 et 19 : « ce n'est rien en comparaison ». La personnification se poursuit à la ligne 15 avec le pronom « celles », sujet de « regardaient » désignant toujours les réflexions. La métaphore hyperbolique « je séchais de crainte » ligne 20 souligne la crainte démesurée que Des Grieux ressent à l'idée que Manon connaisse un destin tragique et qui est justifiée au lignes 21 et 22 par le nom « rechutes » (maladie) et « une conséquence extrêmement dangereuse » ou l'adverbe « extrêmement » est significatif de l'appréhension de DG. [...]
[...] J'aurais voulu lui exprimer mes frayeurs ; j'appréhendais de lui en causer trop. Je tremblais pour elle, sans oser l'avertir du danger et je l'embrassais en soupirant, pour l'assurer du moins, de mon amour qui était presque le seul sentiment que j'osasse exprimer. Manon, lui dis-je, parlez sincèrement ; m'aimerez-vous toujours ? Elle me répondit qu'elle était bien malheureuse que j'en pusse douter. Eh bien, repris-je, je n'en doute point, et je veux braver tous nos ennemis avec cette assurance. [...]
[...] - Ce n'est pas moi qui suis à plaindre, continuai-je. Quelques mois de prison ne m'effraient nullement, et je préférerai toujours le Châtelet à Saint-Lazare. Mais c'est pour toi, ma chère âme, que mon cœur s'intéresse. Quel sort pour une créature si charmante Ciel, comment traitez-vous avec tant de rigueur le plus parfait de vos ouvrages ? Pourquoi ne sommes-nous pas nés l'un et l'autre, avec des qualités conformes à notre misère ? Nous avons reçu de l'esprit, du goût, des sentiments. [...]
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