Manon Lescaut, Abbé Prévost, tricheur, roman, auteur, littérature, personnage, mise en scène, apparence avantageuse, satire, société décadente
Manon a soutiré à M. de B. « près de 60 000 francs », mais l'incendie de leur maison de Chaillot a fait disparaître la somme. Des Grieux s'est persuadé que le Ciel et la Providence ont organisé la société de façon à ce que les pauvres utilisent leur intelligence pour remédier au handicap du manque d'argent en volant les riches, stupides par nature. Le jeu est un des moyens utilisés pour rétablir l'équilibre.
Des Grieux s'est tourné vers le frère de Lescaut, mauvais garçon, qui va l'introduire dans la « Ligue de l'Industrie » pour lui apprendre le métier de tricheur.
[...] Hercule à la croisée des chemins, il choisit la voie du vice où il accomplit des « exploits ». Il dissout sa responsabilité dans le tableau de la corruption générale, qui renvoie bien aux eaux troubles dernières années du règne de Louis XIV. En marginalisant son personnage de façon irréversible, Prévost fait aussi œuvre de satiriste. Cet épisode est important du point de vue de l'action : désormais, grâce à la malhonnêteté, Des Grieux est en mesure de maîtriser la situation. [...]
[...] Manon Lescaut, 1ʳᵉ partie - Abbé Prévost (1731) - Le roman d'un tricheur « 1 ~ M. Lescaut me présenta, le soir même, comme un de ses parents ; il ajouta que j'étais d'autant mieux disposé à réussir que j'avais besoin des plus grandes faveurs de la fortune ~ Cependant, pour faire connaître que ma misère n'était pas celle d'un homme de néant, il leur dit que j'étais dans le dessein de leur donner à souper ~ L'offre fut acceptée ~ Je les traitai magnifiquement ~ On s'entretint longtemps de la gentillesse [du caractère noble] de ma figure et de mes heureuses dispositions ~ On prétendit qu'il y avait beaucoup à espérer de moi, parce qu'ayant quelque chose dans la physionomie qui sentait l'honnête homme, personne ne se défierait de mes artifices ~ Enfin, on rendit grâce à M. [...]
[...] Ainsi, « Ordre » des chevaliers d'Industrie est, comme le note F. Deloffre dans son édition, une « parodie l'Ordre de Malte », qui est précisément celui auquel est promis Des Grieux. Comme lui, remarque encore F. Deloffre, il a ses chevaliers et ses novices. « Novice » est précisément le terme utilisé : « un novice de mon mérite » Les valeurs sont ainsi dégradées. Le mot « académie » est utilisé également de façon dégradée. Dans son glossaire, F. Deloffre lui donne comme définition « maison de jeux ». [...]
[...] Mais ce sentiment de honte est formulé après coup par Des Grieux narrateur. Des Grieux personnage n'a aucun scrupule. Quand il raconte son histoire, il est habile à plaider sa cause. Maîtrisant la rhétorique, il lui faut faire quelque concession à la morale pour mieux « faire passer » son immoralité. Il procède de même quand il évoque son attitude en prison : « Je dois le confesser à ma honte, je jouai, à Saint-Lazare, un personnage d'hypocrite. » (p. [...]
[...] Il n'est en rien « un homme de néant » Ce genre de détails appartient au roman réaliste. Dans son édition, Frédéric Deloffre rappelle qu'on choisissait de préférence pour les emplois de croupier et de tailleur (celui qui tient les cartes) des « hommes comme il faut », des vieux militaires « qui prostituent leur honneur pour deux écus par soirée. » Devenu filou, mais gardant le masque de la respectabilité, Des Grieux peut « ruiner sans affectation quantité d'honnêtes joueurs » (12). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture