Abbé Prévost, Manon Lescaut, roman, picaresque, romanesque, Mémoires et aventures d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde, lumières, tragédie, moralité, immoralité, religion
Selon la journaliste, Olivia Elkaim, le romanesque qui respecte les traditions du roman serait un bon moyen de dépeindre la réalité de notre société. Seulement, cette objectivité ne plaît pas toujours : elle a parfois même fait scandale, notamment à la sortie de Manon Lescaut en 1731, roman de l'Abbé Prévost qui est le septième tome d'une oeuvre plus vaste intitulée "Mémoires et aventures d'un homme de qualité qui s'est retiré du monde". En effet, ce roman soulève une question : bien que l'oeuvre soit très réaliste, est-elle pour autant morale ? Prévost, qui avait anticipé les critiques, a défini son oeuvre comme « un traité de morale agréablement réduit en exercice ». Finalement l'oeuvre a-t-elle atteint son objectif, c'est-à-dire, plaire et instruire dans un but purement éthique et moral ?
[...] Comme le personnage de Emma Bovary mis en scène plus tard par Flaubert, Manon meurt, et Des Grieux est condamné à vivre malheureux. « Je vous raconte un malheur qui n'eut jamais d'exemple. Toute ma vie est destinée à le pleurer » confie Des Grieux à Renoncour à la fin du roman. Il déclare également avec une pointe d'ironie en euphémisme « le ciel ne me trouva pas assez rigoureusement puni. » Ainsi, avec cette fin tragique et pathétique, Prévost averti le lecteur des dangers que représente une vie de débauche menée par la passion. [...]
[...] A la fin du roman, Tiberge reviendra même chercher son ami Des Grieux en Amérique dans l'espoir de le voir se repentir et se tourner vers Dieu pour de bon. Il y parvient, on le voit à la façon dont le narrateur Des Grieux âgé a mûri et jette un regard critique sur sa propre expérience. Alors, Tiberge semble avoir gagné, et Prévost donne ainsi son avis sur les idées nouvelles de son siècle, il prendra position contre les Lumières : pour lui, le bonheur céleste est supérieur au bonheur terrestre. [...]
[...] Mais ne sont-ils pas tout simplement victimes de leur siècle ? Certes, la conduite de Des Grieux et Manon est immorale, mais il semblerait que le siècle des Lumières les y ait encouragé. En effet, l'attitude de Des Grieux a presque été copiée sur les idées des Lumières. Les philosophes des Lumières prônent des valeurs telles que la liberté et la tolérance. Ils remettent en question les principes politiques, moraux et sociaux. Ils refuse,t les dogmes religieux et le fanatisme : pour eux, le bonheur terrestre est supérieur au bonheur céleste, les croyances et la religion sont ainsi remises en question elles aussi. [...]
[...] Quant à lui, il aura mainte fois manipulé son ami Tiberge pour lui soutirer de l'argent. Il mentira également au gouverneur Américain à la Nouvelle-Orléans à de nombreuses reprises « Je lui répondis de manière à lui plaire », dit-il, montrant ainsi son hypocrisie. De plus, il manipule le lecteur en se faisant passer pour un saint innocent victime de Manon, la seule coupable de son tragique destin. Ainsi, nos deux personnages font preuve d'immoralité tout au long du roman, d'office parce qu'ils sont picaresques, mais aussi parce qu'ils se montrent manipulateurs et hypocrites. [...]
[...] M fils. On a donc ici affaire à deux personnages picaresques et donc horriblement immoraux. Ce qui peut les qualifier d'immoraux sans songer au picaresque, c'est aussi leur tendance à manipuler et à se montrer hypocrites. Pour le démontrer, on peut évoquer la scène du prince, dans laquelle Manon joue avec les sentiments d'un riche homme venu la courtiser simplement pour s'amuser. Il y a ici une dimension comique, mais toujours immorale. Elle proposera également de manipuler M. de G . [...]
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