Manon Lescaut, Abbé Prévost, passion amoureuse, littérature, amour, pathétique, stratagèmes narratifs, roman d'aventures, genre romanesque
C'est la traduction de la formule latine « placere, movere, docere » (plaire, émouvoir, instruire) de La Poétique d'Aristote qui résume l'objectif de chaque oeuvre littéraire ; et l'abbé Prévost (1697-1763), ne déroge pas à la règle. En effet, lorsqu'il écrit et publie en 1731 L'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut (abrégé en Manon Lescaut), ce moine défroqué à la vie tumultueuse nous donne à lire le récit émouvant des amours contrariés du chevalier des Grieux, jeune aristocrate, et de Manon Lescaut, une prostituée.
[...] Finalement, il est possible que le lecteur éprouve de la surprise (ce qui est une autre forme de plaisir en soi) lorsque Manon trouve la mort dans un désert d'Amérique, lieu le plus à la marge des humains. Quant à Des Grieux, il est devenu le marginal par excellence, en tuant un garde de sa prison en s'évadant, à l'instar de Jean-Claude Rommand tuant sa famille dans l'Adversaire de Carrère. Un homme tuant ses semblables se retranche par le fait même de la société humaine, et c'est le cas de Des Grieux. [...]
[...] L'exemple le plus frappant de ce destin tragique est sans doute l'échec du stratagème de Manon, son frère et son amant pour soutirer de l'argent à M. de G . M . qui les conduira une nouvelle fois en prison puis à la déportation de Manon en Louisiane. Il semblerait en effet qu'ils ne pourront jamais vivre ensemble heureux, ce qui les met au désespoir, qui rejaillit sur le lecteur pour l'émouvoir encore plus. Ultime déchéance, Manon trouvera la mort dans un désert d'Amérique, alors qu'ils venaient de réussir à échapper au mariage de Manon avec Synnelet, le neveu du gouverneur du Nouvel-Orléans. [...]
[...] [Conclusion partielle] En somme, ce plaisir de la lecture tient surtout au caractère complexe des personnages et à leur rejet par la société. [Conclusion] En conclusion, il apparaît que le récit de cette passion amoureuse participe à rendre sa lecture plaisante en faisant appel aux sentiments, même si plus largement, ce plaisir est aussi dû aux nombreuses péripéties et au style de roman d'aventures que revêt par moments l'œuvre de Prévost. En somme, il serait judicieux de dire que la particularité des deux amants amenant le lecteur à apprécier l'ouvre tient surtout à leur mise au ban de la société. [...]
[...] Manon Lescaut - Abbé Prévost (1731) - Le plaisir de lire Manon Lescaut ne tient-il qu'au récit d'une passion amoureuse ? [Introduction] C'est la traduction de la formule latine « placere, movere, docere » (plaire, émouvoir, instruire) de La Poétique d'Aristote qui résume l'objectif de toute œuvre littéraire ; et l'abbé Prévost (1697-1763), ne déroge pas à la règle. En effet, lorsqu'il écrit et publie en 1731 L'Histoire du chevalier des Grieux et de Manon Lescaut (abrégé en Manon Lescaut), ce moine défroqué à la vie tumultueuse nous donne à lire le récit émouvant des amours contrariées du chevalier des Grieux, jeune aristocrate, et de Manon Lescaut, une prostituée. [...]
[...] [Argument En outre, le déclenchement de l'émotion chez le lecteur, et donc d'une certaine forme de plaisir, passe également par l'omniprésence du pathétique dans ce récit. Il regorge en effet de scènes larmoyantes et déchirantes qui pourraient même faire pleurer les lecteurs les plus émotifs. Paradoxalement, d'aucuns considéreraient qu'une œuvre qui parviendrait à nous faire pleurer serait plaisante à lire et cette caractéristique est loin d'être étrangère à Manon Lescaut, dont Palissot déclare qu'il « [ . ] arrache des larmes au lecteur le plus austère. » dans son Eloge de Prévost de 1737. [...]
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