Abbé Prévost, Manon Lescaut, contradiction, héros, immortalité, sympathie, personnage, sentiments, passion, roman, femme, nature
Beaucoup d'écrivains (Montesquieu, Sade, Musset, Sainte-Beuve) ont admiré Manon Lescaut. Les raisons de cette admiration diffèrent. Ainsi, pour Flaubert, par leur vérité (« vrais ») et par la fraîcheur de leurs sentiments (« souffle sentimental, naïveté »), les héros feraient oublier leur caractère immoral (fripons »). Autrement dit, en suivant ce couple singulier, le lecteur suit non seulement sans répulsion, mais encore avec plaisir, leurs aventures. Il s'attache à eux (« sympathiques ») et leur confère même une certaine dignité (« honorables »), qui ne va pourtant pas de soi. La contradiction est-elle résolue ?
[...] C'est la dimension picaresque de l'œuvre. On pense à un autre pseudo-roman-mémoires l'Histoire de Gil Blas de Santillane (1715) où Lesage écrit à propos de son personnage : « Je joignis le père, et lui demandai la bourse, en lui présentant le bout d'un pistolet. ». Il s'agit bien du récit d'aventures arrivées à un jeune homme, même si Des Grieux n'est ni gueux ni ambitieux. C ~ LE LIBERTINAGE Des Grieux fait preuve de libertinage érudit : il pense que le bonheur n'est pas à attendre dans l'au-delà : « pourquoi nommer le monde un lieu de misères, puisqu'on y peut goûter de si charmantes délices ? [...]
[...] Il la suit, mais sans dommage, dans sa lecture comme Des Grieux la suit dans le grand chemin de perdition. B ~ LA DESCENTE AUX ENFERS DE DES GRIEUX Des Grieux ne se contente pas de renoncer à une belle carrière ecclésiastique. Il plonge dans les bas-fonds en s'acoquinant avec Lescaut. Certes, il refuse de se faire entretenir et donc de devenir le pendant masculin de la jeune femme : « [Lescaut] me proposa de profiter de ma jeunesse et de la figure avantageuse que j'avais reçue de la nature, pour me mettre en liaison avec quelque vieille dame vieille et libérale. [...]
[...] A ~ MANON FEMME FATALE Rapidement Manon trompe Des Grieux, recevant M. de B. chez eux. Elle est complice de son enlèvement : « Manon me donna un baiser, et s'échappant de mes bras, elle entra rapidement dans le cabinet, qu'elle ferma aussitôt sur elle. » Le baiser donné par Manon est un baiser de Judas. Après M. de B G. M. « vieux voluptueux qui p[aie] prodiguement les plaisirs » » lui fait mettre Des Grieux entre parenthèses, le temps pour elle de lui soutirer beaucoup d'argent. [...]
[...] Manon Lescaut - Abbé Prévost (1731) La contradiction entre immoralité et sympathie chez les personnages « Ce qu'il y a de fort dans Manon Lescaut, c'est le souffle sentimental, la naïveté de la passion qui rend les deux héros si vrais, si sympathiques, si honorables, quoiqu'ils soient fripons. » (G. Flaubert, Correspondance, 1853) INTRODUCTION Beaucoup d'écrivains (Montesquieu, Sade, Musset, Sainte-Beuve) ont admiré Manon Lescaut. Les raisons de cette admiration diffèrent. Ainsi, pour Flaubert, par leur vérité (« vrais ») et par la fraîcheur de leurs sentiments (« souffle sentimental, naïveté »), les héros feraient oublier leur caractère immoral (fripons ») Autrement dit, en suivant ce couple singulier, le lecteur suit non seulement sans répulsion mais encore avec plaisir, leurs aventures. [...]
[...] Les deux amoureux ont pour ennemis le père de Des Grieux (noblesse), la morale et la religion (Tiberge), les puissants (M. de B G. de M le gouverneur de la Louisiane) : ces opposants, qui les mettent même une fois en prison, entraînent la sympathie du lecteur. La fuite perpétuelle les conduit jusqu'en Louisiane : on pense à Tristan et Iseut dans la grande forêt du Morois où ils vivent simplement. # Mais ces aventures sont la conséquence d'un comportement immoral. Le plaisir du lecteur n'en est-il pas affecté ? II ~ « UN TRAITÉ DE MORALE » ? [...]
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