Malaise identitaire, oeuvre litéraire, Fadela Sebti, Moi MIREILLE lorsque j'étais YASMINA, immigration, double identité culturelle
Le phénomène de l'immigration soulève de manière aiguë la question essentielle de l'identité. Exilé dans un pays étranger, l'immigré se trouve confronté à un nouveau système de valeurs dont il subit peu à peu l'influence, même si c'est de façon inconsciente. Cette oscillation entre deux cultures, celle de son pays d'origine et celle de son pays d'accueil, lui fait perdre ses points de repères, le perturbe et le déstabilise dans sa vision du monde ; son identité devient de plus en plus nébuleuse.
[...] On a affaire à une relation dominant/dominé. Mireille sous le joug de son mari, sous la domination orientale, devient tout entière séquestrée, enfermée dans une grande prison annonçant la schizophrénie identitaire : du fond de ma dignité bafouée, je veux dire mes désillusions, mon ressentiment, je veux crier mon aversion viscérale de cette condition qui m'a été imposée, mon humiliation d'avoir fait partie de ces femmes amputées, déchues de naissance P : 13. À travers le paradigme archaïsme/modernité, qui s'inscrivent dans un mouvement d'attirance-répulsion, ces thèmes soulignent la dichotomie Orient/Occident, organisent et construisent des relations qui tournent autour d'une altérité perçue comme problématique. [...]
[...] Que j'y avais survécu Et que je ne savais pas encore combien de temps j'y survivrais. P : 90 De plus, tel un bourreau, le mari fait subir à sa femme tous ses caprices plutôt que de dévoiler ces petits rien du quotidien, leur ôtant ainsi toute magie, je les avais enfouis dans mes frustrations, nourrissant une rancœur grossie par les maladresses de nadir P : 39, et ses brutalités (morales ou physiques). Un comportement anti-sentimental copieusement condamné par Fadéla SEBTI. [...]
[...] L'amante étrangère Mireille est en effet une intruse dans la culture marocaine. Étrangère, elle est également intruse dans le pays de Nadir : Aujourd'hui, je sens la peur monter en moi, une peur viscérale qui me submerge tout entière l'espace d'une seconde, la peur de mourir en terre étrangère : 35) Cet aspect de l'intrusion influence la relation de ces deux personnages d'autant plus que Mireille est européenne. Le fait qu'elle soit étrangère est souligné à plusieurs reprises dans le roman. [...]
[...] Ainsi, le sort de la femme dépend de la bonne ou de la mauvaise humeur du mâle c'est lui qui fait la pluie et le beau temps. La répudiation peut intervenir à n'importe quel moment et pour des raisons banales, non fondées. Il suffit à l'homme de dire : je te répudie P : 47 pour rompre les liens du mariage et pour la remplacer par une autre victime conjugale. Nadir n'affirme-t-il pas : Si Dieu ne m'avait pas voulu supérieur aux femmes, il ne m'aurait pas donné ce pouvoir de répudier. [...]
[...] Tout se passe comme si elle possédait un pouvoir de sorcellerie capable de faire perdre la raison à ses victimes. La femme occidentale serait donc celle qui convoite l'homme, le cherche et le soumet à son pouvoir. Dans cette perspective, elle serait un mal à éviter. Ainsi, dans l'esprit des parents, la femme occidentale se situerait en dehors de la norme, de la morale, et de la bonne conduite. Elle aurait alors un pouvoir manipulateur qui dépasserait celui de l'homme et pourrait le conduire, malgré lui, à la ruine de ses valeurs, de ses traditions, voire de son identité. [...]
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