Le Malade Imaginaire, Molière, Jean-Baptiste Poquelin, tragédie classique, principe du castigat ridendo mores, comédie, Louis XIV, caricature, hypocondriaque, médecine, santé, hypocrisie, raison, bêtise, a priori, dimension satirique
Au XVIIème siècle, la tragédie classique est à son apogée avec les pièces de Corneille et de Racine mettant en oeuvre le principe de catharsis, c'est-à-dire la purgation des passions. Toutefois, un autre principe est de plus en plus en apprécié, celui du «castigat ridendo mores » ou corriger les moeurs par le rire. C'est en suivant ce but de divertissement instructif que Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière, écrit en 1673 sa dernière comédie : Le Malade imaginaire. Cette comédie se veut être un divertissement offert au roi Louis XIV tout en caricaturant certains aspects de la société de son temps. En effet, cette comédie-ballet met en scène un hypocondriaque (Argan) voulant marier sa fille Angélique au fils de son médecin alors que celle-ci s'est éprise de Cléante. Dans la scène 3 de l'acte III, Béralde, le frère d'Argan, vient tenter de le raisonner en lui montrant l'inanité de la médecine. Dès lors, comment Béralde s'y prend-il pour guérir Argan ? Si cette scène est une réelle satire de la médecine, nous verrons qu'elle est aussi une scène de comédie « sérieuse » et permet ainsi le triomphe de la raison.
[...] Enfin, de nombreuses négations totales (qui portent sur toute la phrase) comme : « ne prend point » ainsi que les négations restrictives (ayant le sens de « seulement ») telles que « n'est qu'entre nous » montrent et prouvent comment Béralde ne tient qu'à ramener son frère à la raison et à le guérir de sa maladie des médecins. Cela suffit à montrer son caractère raisonnable face à Argan qui est aveuglé par ses a priori. En outre, le décalage entre les deux discours souligne le manque d'arguments d'Argan et donc son parti pris sans raison. Ainsi, du registre familier dont il use qui ne sied guère à un bourgeois de son rang. [...]
[...] Un jeu de dupe En effet, cette liste de termes caractérise bien ce qu'un malade attend de son médecin, ce qui, encore une fois, place la médecine au sommet des préoccupations de la scène. Enfin, la répétition à douze reprises des mots « médecin » ou « médecine » suffit à nous plonger davantage dans ce thème. Par conséquent, nous voyons parfaitement bien à quel point ce thème des docteurs revient sans cesse dans la scène, tel un sempiternel leitmotiv. En outre, Béralde condamne la médecine notamment en raison de son caractère illusoire pour ceux qui croient en elle et qui ne s'aperçoivent souvent pas qu'ils sont dupés. [...]
[...] Entendez-les parler, les plus habiles gens du monde ; voyez-les faire, les plus ignorants de tous les hommes. ARGAN. Hoy. Vous êtes un grand docteur, à ce que je vois, et je voudrais bien qu'il y eût ici quelqu'un de ces messieurs pour rembarrer vos raisonnements, et rabaisser votre caquet. BÉRALDE. Moi, mon frère, je ne prends point à tâche de combattre la médecine, et chacun, à ses périls et fortune, peut croire tout ce qu'il lui plaît. Ce que j'en dis n'est qu'entre nous, et j'aurais souhaité de pouvoir un peu vous tirer de l'erreur où vous êtes ; et pour vous divertir, vous mener voir sur ce chapitre quelqu'une des comédies de Molière. [...]
[...] Tout cela met en évidence sa perte de contrôle sur soi-même qui est due à son manque d'arguments face au discours raisonnable de son frère. Les comparaisons doublées d'un parallélisme de structure qu'utilise Argan aux lignes 25 et 29-30 en assimilant les docteurs à des gens respectables ; démontrent encore une fois son parti pris de faire l'éloge et de croire en la médecine sans vraiment y réfléchir. Ainsi Béralde incarne-t-il la raison par son discours réfléchi tandis qu'Argan reflète plutôt la bêtise de ceux qui croient en la médecine. [...]
[...] Dès lors, comment Béralde s'y prend-il pour guérir Argan ? Si cette scène est une réelle satire de la médecine, nous verrons qu'elle est aussi une scène de comédie « sérieuse » et permet ainsi le triomphe de la raison. II. Une véritable satire de la médecine En premier lieu, l'aspect qui se dégage le plus de cette scène est qu'elle repose essentiellement sur une satire de la médecine par Béralde qui ne se prive pas pour la critiquer ironiquement. En effet, nous voyons bien que déjà, le thème de la médecine est prépondérant et qu'il occupe toutes les pensées de Béralde. [...]
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