L'ouvrage de Lionel Jospin, Le Mal napoléonien, publié aux éditions du Seuil au premier trimestre 2014 est celui d'un homme politique plus que d'un historien. Ce n'est pas un pamphlet, mais il en adopte parfois le ton et surtout, la thèse qu'il développe est assez fortement opposée aux analyses de nombreux intellectuels français.
En effet, Lionel Jospin ne pense pas que Napoléon ait changé le cours de l'histoire en Europe, mais qu'il l'a figé. Pour lui, Napoléon est certes éblouissant, mais le résultat global de quinze années de pouvoir et d'action est un échec. Il a privé la France et l'Europe d'un destin plus fécond.
Pour Lionel Jospin, la chose est entendue : Napoléon a fait basculer l'après-Révolution dans le despotisme. La Révolution a été brève et s'est ouverte sur le reste du monde. Le Consulat puis l'Empire vont permettre à Napoléon de rétablir l'ordre, de permettre la fin du brigandage, et de réaffirmer le principe de l'autorité de l'État.
[...] La marque de Napoléon sur la France Napoléon n'a pas pérennisé de système politique : le sien n'a pas survécu. Mais il a laissé sa marque à travers certaines réformes et structures, notamment avec le Code civil (Code Napoléon), mélange de coutumes de l'Ancien Régime, de droit romain et de droit révolutionnaire. Le Code civil affirme une vision traditionnelle de la famille, la place mineure de la femme, un droit de propriété renforcé. Napoléon produit également de nombreux autres codes, dans une sorte de passion codificatrice. [...]
[...] La dictature napoléonienne La dictature napoléonienne est le fruit improbable de la Révolution. Napoléon abolit le calendrier révolutionnaire, ce qui n'est pas un mal. Mais surtout il empêche une véritable démocratie libérale d'émerger et de se développer normalement. Pire, il efface la République. La Constitution de 1802 garde des fondements clairement républicains. Mais celle de 1804 marque le passage à l'Empire. La référence à la République demeure dans le texte, mais elle est vidée de son contenu. Et elle disparait totalement du reste de l'Europe. [...]
[...] Napoléon Bonaparte développe le nombre des fonctionnaires. En 1802 il met fin à l'émigration : la majorité des émigrés rentre en France et prête serment de loyauté. Napoléon Bonaparte jugule toute opposition : républicains, idéologues, libéraux (G.de Staël, Benjamin Constant), contre-révolutionnaires (Châteaubriant) sont interdits de publication. Napoléon Bonaparte distribue gratifications et titres à sa famille, aux grands dignitaires (Cambacérès, Talleyrand, Fouché), aux grands maréchaux et aux généraux d'Empire. Il achète leur fidélité. Napoléon a donc une nature clairement despotique et prébendière. [...]
[...] De haut en bas, uniformité et discipline. La France est le plus centralisé des états démocratiques jusqu'en 1982-1983 avec les premières lois de décentralisation. Du coup, le fonctionnement de l'État napoléonien est lent : tout remonte à un Empereur qui est souvent en campagne et difficilement joignable, les distances sont longues. Système électoral non démocratique Napoléon Bonaparte utilise le plébiscite, un plébiscite portant exclusivement sur le pouvoir d'un homme, pas sur une question de fond détachée d'un enjeu direct de pouvoir. [...]
[...] Le Mal napoléonien : Napoléon, de la révolution au despotisme - Lionel Jospin L'ouvrage de Lionel Jospin, Le Mal napoléonien, publié aux éditions du Seuil au premier trimestre 2014 est celui d'un homme politique plus que d'un historien. Ce n'est pas un pamphlet, mais il en adopte parfois le ton et surtout, la thèse qu'il développe est assez fortement opposée aux analyses de nombreux intellectuels français. En effet, Lionel Jospin ne pense pas que Napoléon ait changé le cours de l'histoire en Europe, mais qu'il l'a figé. [...]
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