Commentaire composé sur un passage de l'avant-dernier chapitre de La Peste d'Albert Camus. De "Rieux marchait toujours..." à "...tendresse humaine".
[...] Dans le même sens, l'expression "ce grand corps hurlant" fait même penser aux formules de l'Eglise sur le corps des fidèles, la maison de Dieu. Le médecin communie avec les hommes mais il ne recherche pas En partenariat avec www.bacfrancais.com le dépassement dans le transcendant ; il s'en tient à l'homme. Combattre contre la peste, la maladie, toujours plus forte que l'homme, n'était-ce pas absurde ? II) "La Peste", le Mal et l'Absurde 1. L'allégorie de la peste Quelle est la fonction de la peste dans ce roman ? [...]
[...] Le passage que nous allons tenter d'analyser se situe à la toute fin du roman (avant-dernier chapitre). Nous sommes en Février, la maladie régresse peu à peu. Les portes de la ville s'ouvrent et les habitants, enfin libérés, n'oublieront jamais cette difficile épreuve qui les a confrontés à l'absurdité de leur existence et à la précarité de la condition humaine. Bernard Rieux, médecin, se sauve de l'absurde en se consacrant à sa tâche quotidienne, en perpétuant la vie contre tout ce qui peut la mettre en péril, acceptant l'irrémédiable (comme la mort de sa femme). [...]
[...] III) Un espoir de bonheur, une échappatoire ? 1. Poésie et lyrisme Dans l'extrait, nous pouvons constater deux registres : l'un pathétique voire tragique, l'autre lyrique. Ce contraste confère au texte toute sa richesse lexicale. Le lyrisme, l'amour de la nature, la mélancolie, le désir de liberté, le rêve d'évasion sont tous des thèmes que l'on rencontre au cœur de l'extrait, comme une fenêtre ouverte vers des pensées moins sombres, vers l'espoir, le bonheur : "Pour eux tous leur vraie patrie se trouvait au-delà des murs de cette ville étouffée". [...]
[...] La peur, personnifiée, s'acharne sur tous ces hommes "obstinément", les malmène sans fin, les tue par l'usure. L'agonie, physique et mentale est à son comble comme le prouvent les hyperboles : "terrible révolte", "épouvantés", "amoncellements de mort". La douleur est totale, envahit leur être autant "dans leur chair que dans leur crâne". Le bruit paraît infernal et les harcèle : "les timbres des ambulances", "le vacarme s'enflait" (telle une plaie) L'ironie Camus se sert de cet élément de rhétorique pour exprimer la notion d'absurde. [...]
[...] Dans cette ville infestée, l'amour n'est pas envisageable. "Ce désir de réunion" qui anime chacun des habitants se voit animé par "l'instinct" de survie L'amour humain et le bonheur éphémère Lorsque les portes de la ville viennent à s'ouvrir, que la liberté et l'amour (seule source de bonheur possible à l'homme) redeviennent possibles (pensons à la Libération de 1945), on peut alors assister à deux cas de figures : il y a "Ceux qui, s'en tenant au peu qu'ils étaient, avaient désiré seulement retourner dans la maison de leur amour, étaient quelquefois récompensés", "d'autres comme Rambert, que le docteur avait quitté le matin même en lui disant "Courage, c'est maintenant qu'il faut avoir raison", avaient retrouvé sans hésiter l'absent qu'ils avaient cru perdu", et d'autres qui continuent "de marcher dans la ville, solitaires, privés de l'être qu'ils attendaient". [...]
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