Un homme épouse une femme laide qui ne l'aime pas. Cette dernière apporte en dot des terres à son mari. Une autre femme, jolie celle-là, est amoureuse de l'homme et aurait bien aimé l'épouser, mais les circonstances ont fait qu'ils n'ont pas pu se rencontrer. Les deux femmes ont en commun d'avoir l'habitude de porter des gants et de posséder un pistolet Beretta. Un jour l'homme est retrouvé mort, tué par une balle de neuf millimètres. On ne peut pas identifier l'assassin, faute d'empreintes.
2. Qu'est-ce qui oppose les deux femmes ?
L'épouse :
- est laide : "une fille franchement laide" (l.18). Elle cumule de nombreuses disgrâces physiques : physionomie d'ensemble, peau, nez, dents, oreilles, seins,... (...)
[...] Comme dans une tragédie racinienne, ce texte montre les ravages de la passion amoureuse, puisque l'histoire se conclut par un meurtre. Le titre Mais moi se retrouve au cœur du récit de l'épouse : Cet homme. Il avait l'air satisfait. Mais moi ; ces deux mots résument toute la frustration et la volonté d'exister de la locutrice qui crie et étouffe à la fois son désir de liberté et sa volonté de vivre. Elle exprime le rêve d'une autre vie, d'une vie de l'après-mariage. [...]
[...] L'auteur reprend ici un lieu commun du récit policier qui consiste à rassembler en un même lieu tous ceux qui ont quelque intérêt à la mort d'un même personnage (cf. Le crime de l'Orient-express). L'auteur prête aux deux femmes les mêmes gestes : Le Beretta de mon grand-père. ( ) Je l'appuyais contre mon ventre. (séquence / Je coinçais le canon entre mes seins. (séquence La même perception de la vie comme injuste unit les deux femmes, même si seule l'exprime explicitement l'une des deux : La vie était comme un fardeau. Une maladie. [...]
[...] L'auteur renverse en outre certains clichés (c'est la femme belle qui envie la femme laide) et propose un point de vue négatif sur la société campagnarde, montrée comme cupide et oppressante : c'est parce qu'elle est la fille d'un gros fermier qu'un jeune et séduisant mari veut se marier avec elle. Victime d'un mariage arrangé, elle est donc montrée comme prisonnière de son milieu familial et social, des usages et des conventions, et ne vit pas pour elle-même : J'aurais dû sans doute penser à moi. J'avais pas l'habitude. [...]
[...] Une des deux femmes (mais pas de trace de je ? Un autre narrateur (narrateur extérieur) ? L'énonciateur de l'aveu final J'avais mis des gants) n'est pas clairement identifiable. Les deux femmes ont un mobile : l'épouse Je rêvais. Maladie accident homicide il est mort. (l.223) l'autre femme Je voulais que meure celui qu'elle a épousé. (l.220) Les deux femmes ont des pulsions de mort, dirigées contre elles ou contre l'homme : l'épouse L'arme idéale. Pour tuer. Ou se tuer. [...]
[...] Elles sont noueuses aux jointures. (l.205-206) est amoureuse de l'homme marié : Je l'aimais oh je l'aimais (l.109) est célibataire est animée par une libido : Je rêvais qu'il entrait en moi. (l.111) fantasme d'être mère : Nous aurions eu des enfants (l.174) voit le mariage du couple comme un moment de bonheur pour eux : un oui glorieux un vrai oui pour toujours. (l.164-165) La juxtaposition des deux portraits montre bien la volonté de l'auteur de travailler sur les antithèses et de donner ainsi nettement deux images opposées de femmes Qu'est-ce qui les rapproche ? [...]
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