Mademoiselle de Maupin, Théophile Gautier, roman de la Momie, Le Capitaine fracasse, critique Vertueuse, l'utile, le beau, immoralité, critique
Théophile Gautier, né en 1811, rencontre Victor Hugo à l'âge de dix-huit ans et rejoint le mouvement romantique dans ses positions sur la littérature et le théâtre lors de la polémique autour d'Hernani. Passionné par la poésie dans sa jeunesse, Gautier devient romancier et critique d'art. Il est surtout célèbre pour ses romans d'aventure, comme Le roman de la Momie (1858) et Le Capitaine fracasse (1863) ainsi que pour un grand nombre de nouvelles à caractère fantastique. Mademoiselle de Maupin est son premier roman à succès alors que, lors de sa parution en 1835, il n'est âgé que de vingt-quatre ans.
[...] La bonne et digne femme qu'est la vertu porte des lunettes, prise du tabac et est accompagnée d'un petit chien gracieux. La vertu est donc toujours présente dans le monde littéraire mais c'est une vieille femme C'est une grandmère très agréable, mais c'est une grand'mère (p.1). A l'image de cette vertu âgée, d'un autre temps, Théophile Gautier préfère l'immoralité : vivace et souriante comme une jeune fille coquette et pimpante espiègle ; surtout quand on a vingt ans En 1834, lorsqu'il signe sa préface, Gautier est alors lui-même âgé de vingt-trois ans et s'inscrit ainsi directement dans son propos ; privilégiant l'inspiration d'une muse teintée d'immoralité, en accord avec la vivacité de sa jeunesse, et non la gardienne moralisante de critiques vieillissant que représente la vertu. [...]
[...] L'inutile, le rien, dénotent d'un certain raffinement : l'occupation la plus séante à un homme policé me parait de ne rien faire. (p.22) et s'appliquerai donc également à la figure d'auteur. Plus que l'écrivain, chez l'homme en général, le pendant à la beauté de l'œuvre serait, pour Gautier, la jouissance : la jouissance me parait le but de la vie, et la seule chose utile au monde (p.23).Il rappelle d'ailleurs la jouissance de ses ainés tout au long de la page 24.En clair, et pour reprendre l'argument chrétien des critiques moralistes et le retourner contre eux, Dieu nous a créé pour jouir. [...]
[...] Face à cette incongruité journalistique, Gautier propose la parabole du barbier et de l'écriteau figurant sur la devanture de sa boutique Ici l'on rasera gratis DEMAIN Et comme Gautier le dit aujourd'hui n'est pas la veille de demain page 32, cette critique fondée sur le néant repoussera toujours à plus tard l'arrivée d'une œuvre à son goût : cette formule est trop commode pour qu'on l'abandonne de sitôt (p.32). Tout comme l'accusation d'immoralité, la critique prospective est pleine d'hypocrisie puisque elle se détourne d'une littérature concrète et présente qu'elle n'apprécie point pour se concentrer celle, inexistante, d'un futur totalement subjectif et théorique. Hypocrisie que l'on peut donc doubler d'une certaine lâcheté, de nouveau, puisque les journalistes refusent par ce procédé de se pencher sur les œuvres du présent qui ont, pourtant, un succès certain. [...]
[...] L'œuvre est libérée de l'utile comme l'auteur ne dépend pas du critique qui, se croyant utile, fait un travail bien laid. De façon plus concrète, Gautier rappelle, même si c'est par cynisme à l'encontre des journalistes, que le commerce du livre fait partie intégrante de l'économie d'alors, ainsi que le métier d'écrivain en tant que tel fait définitivement partie de la société française. A l'encontre des critiques, un argument sur l'utilité est sous-jacent dans les propos de Gautier : si l'écrivain est bien utile à quelque chose, c'est à produire des œuvres que les critiques s'enchanteront de dénigrer pour mieux vendre leurs journaux ; ces mêmes critiques qui reprochent à l'art de ne point être utile. [...]
[...] Et ce mouvement de l'époque se caractérise par un mouvement littéraire, Gautier ne faisant pas cavalier seul. Il s'agit évidemment du romantisme et du désir de renouveau littéraire qu'il véhicule, venant heurter dans ses fondements les doctrines classiques. La préface de Mademoiselle de Maupin suit de quelques années ce qui est considéré comme l'un des points centraux de ce choc des visions : la bataille d'Hernani. De nombreux auteurs se sont alors positionnés en partisans d'Hugo autour du renouveau de l'esthétique théâtrale proposé dans sa pièce. [...]
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