Dès le début de l'entreprise, le valet se veut rassurant: Ne vous occupez pas du reste dit-il à la princesse; mais aucun des deux ne mesure la portée de ce geste qui déclenche la catastrophe. Le Prince comprend qu'un homme s'est introduit dans la chambre de son épouse, et exige qu'on lui ouvre la porte. Certain qu'il ne supporterait pas d'y trouver le duc de Guise comme amant de sa femme, le comte de Chabannes se sacrifie.
La nouvelle bascule alors dans l'histoire tragique. Ces dernières sont mises à la mode au XVIe siècle par Pierre Boaistuau. Elles seront reprises au XVIIème par François de Rosset. Mme de Lafayette se garde cependant du macabre et du violent: elle se contente de s'en inspirer et la réécrit dans une esthétique classique. Comment suggérer la force du mime avec la plus grande économie de moyens possible ?
[...] Une seule alternative semble se présenter alors au Prince : tuer le comte ou le rassurer sur ses intentions. La modération serait alors le dernier gage d'amitié ; l'adverbe encore laisse cependant planer la menace. B Une scène trouble L'interruption du comte, non soutenue par une explication rationnelle ou même simplement claire, aggrave la situation dans la mesure où elle passe pour un pur mensonge. Le comte semble sombrer dans l'indignité la plus complète en se jouant de son ami le plus sincère. [...]
[...] Il est donc prêt à ne même pas se battre. Cet air d'innocence qui transparaît de son discours et de sa personne déstabilisent le Prince : si maître de lui, si digne, il semble coupable, au plus, d'aveuglement. II Le tragique de la situation A La progression vers le tragique Le comte et le Prince recèlent la même intensité de sentiments ; or, ce qui devrait relier les deux amis les pose cette fois en ennemis. La scène se déroule donc selon une progression efficace dans le tragique. [...]
[...] Chez madame de Lafayette, la dramatisation, le pathétique sont tout aussi présents mais la violence est surtout verbale. Les deux morts, celles du comte et de la Princesse, sont évitées. Cela permet de perpétuer le lien entre l'Histoire de France et l'histoire du livre. Comme dans l'incipit, l'unité narrative prévaut. Il est en outre bien plus intéressant, dramatiquement parlant, que la princesse meure des ravages de la passion, oubliée par le duc de Guise[4]. Le dénouement revêt donc une portée morale évidente, et garde plus de force que si le mari se faisait lui-même justice. [...]
[...] Madame de Lafayette: La Princesse de Montpensier, Enfin, le Prince de Montpensier . p.66-67 Introduction Dès le début de l'entreprise, le valet se veut rassurant : Ne vous occupez pas du reste dit-il à la princesse[1] ; mais aucun des deux ne mesure la portée de ce geste qui déclenche la catastrophe. Le Prince comprend qu'un homme s'est introduit dans la chambre de son épouse, et exige qu'on lui ouvre la porte. Certain qu'il ne supporterait pas d'y trouver le duc de Guise comme amant de sa femme, le comte de Chabannes se sacrifie[2]. [...]
[...] L'ordre du monde, souvent injuste, est respecté. On pourra d'ailleurs accréditer cette histoire en se référant à l'œuvre de Mme de Villedieu qui, dans Les Désordres de l'amour (1675), rapporte l'histoire d'amour unissant le Duc de Guise à Mme de Noirmoutier. Madame de Lafayette. La Princesse de Montpensier. Paris : Le Livre de Poche p.63. Voir p : Il se résolut, par une générosité sans exemple, de s'exposer pour sauver une maîtresse ingrate et un rival aimé. Histoires tragiques de notre temps. Voir p. 70. [...]
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