Dans l'épouvante de cette scène de rupture où les amants se parlent pour la première fois en dehors de la Cour, la princesse fait le choix du renoncement. Elle estime qu'ils sont tous deux responsables de la mort du duc. Dès lors, c'est un devoir moral, bien qu'imaginaire, que de renoncer à l'être qu'elle aime. Au moment où la Cour accompagne Elizabeth II en Espagne, la princesse part dans les Pyrénées: l'Histoire et l'histoire personnelle se mêlent en unissant les deux figures féminines dans la souffrance. L'héroïne tombe alors dans une maladie violente.
Comment cette épreuve marque-t-elle son caractère ultime et dans quelle mesure témoigne-t-elle de l'esprit de l'œuvre ?
[...] Conclusion Nous retrouvons dans ce passage Cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie[11]. Elle se développe selon deux axes majeurs : Il s'agit tout d'abord d'une entreprise impossible. Telle une héroïne tragique, la princesse est prise dans un dilemme : si elle aime au grand jour, ses scrupules et sa culpabilité la tourmentent ; si elle se retire, elle se plonge volontairement dans le malheur. Le texte nous offre donc un exemplum virtutis : jusqu'au bout, l'héroïne suivra ce qu'elle croira être son devoir. [...]
[...] La nécessité de mourir souligne avec certitude la proximité de la mort. L'affaiblissement physiologique l'aide au détachement moral ; en effet, le renoncement à la passion est difficile au point que la raison seule ne peut y parvenir. Le présent d'habitude met alors en relief la nouvelle règle de vie qu'elle va s'imposer. II Focalisation de la narration sur la passion A Une passion encore vivante Cependant, il est difficile, voire impossible d'éradique totalement la passion. La princesse pressent d'ailleurs que celle-ci n'est peut-être pas morte en son cœur[4]. [...]
[...] La Princesse de Clèves. Paris : Le Livre de Poche p : seuls et en état de se parler pour la première fois. Voir p : Je sais que c'est par vous qu'il est mort, et que c'est à cause de moi. Voir p : Il est vrai, répliqua-t-elle, que je sacrifie beaucoup à un devoir qui ne subsiste que dans mon imagination. Voir p : Je n'espère pas aussi de surmonter l'inclination que j'ai pour vous. Voir p : J'avoue, répondit-elle, que les passions peuvent me conduire ; mais elles ne sauraient m'aveugler. [...]
[...] Voir p : Songez ce que vous devez à votre mari, songez ce que vous vous devez à vous-même, et pensez que vous allez perdre cette réputation que vous vous êtes acquise et que je vous ai tant souhaitée. Voir p : Ce me sera toujours un soulagement d'emporter la pensée que vous êtes digne de l'estime que j'ai eue pour vous. Je vous prie que je puisse encore avoir la consolation que ma mémoire vous sera chère. In De Racine. [...]
[...] Les raisons en sont à la fois morale elle se sent coupable envers son défunt époux personnelles : elle craint en effet de ne plus être aimée dans le mariage[6]. La princesse apparaît ainsi comme fortement marquée par l'éducation maternelle[7]. Le dilemme s'ancre de plus en plus dans le passage, jusqu'à opposer ouvertement monsieur de Nemour à monsieur de Clèves, prenant place tous deux dans le cœur de la princesse ; en effet, tandis que le premier n'est pas effacé de son cœur, le second, sous forme de souvenir, s'imprim[e] fortement dans son cœur. Le processus de résurrection imaginaire de l'époux se déroule sous les yeux du lecteur. [...]
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