Madame Bovary, Gustave Flaubert, invention littéraire, roman, Louise Colet, Edma Roger des Genettes, Lucia de Lammermoor
Madame Bovary n'est qu'un assemblage de sources vaguement inspirantes : l'affaire Delamare, l'affaire Lafarge (jeunes épouses adultérines mal mariées et qui meurent empoisonnées) , le réel est vite distancié au profit de la construction romanesque.
[...] Idem avec la chanson de l'aveugle («fait rêver fillette à l'amour/ la faux moissonne) qui résume ironiquement le destin d'Emma. Le fictif et l‘imaginaire (le libretto ou la chanson) loin de s'opposer au réel en sont la préfiguration. L'imaginaire a valeur d'oracle chez Flaubert. Il prévoit ce que sera le réel mais il incarne aussi le poids du tragique, puisque ce qu'il annonce reste ironiquement inacessible pour la personne prioritairement concernée, i.e. la future victime incapable de décrypter les signaux et donc inacapble d'anticiper. [...]
[...] Eh bien, je regarde tout cela comme très secondaire et inférieur. La vérité matérielle (ou ce qu'on appelle ainsi) ne doit être qu'un tremplin pour s'élever plus haut.» [À M. Léon Hennique, 2-3 février 1880]. En ce sens il n'est pas si loin, dans l'intention (malgré des méthodes divergentes, le répertoire pour Balzac, l'invention du Flaubert), de ce qu'est la comédie humaine : « Tout ce qu'on invente est vrai, sois-en sûre. La poésie est une chose aussi précise que la géométrie. [...]
[...] ( ) Avant tout ignorant comme une cruche, provincial jusque dans la moelle des os ; le luxe l'épate. – Sa plus grande admiration littéraire est pour Walter Scott – En résumé c'est pour moi un immense bonhomme mais de second ordre. » (Flaubert, À Edmond de Goncourt décembre 1876.). Emma d'ailleurs lit Balzac en revenant de la Vaubyessard et cela lui fait plus de mal que de bien: « elle lut Balzac et George Sand, y cherchant des assouvissements imaginaires pour ses convoitises personnelles. [...]
[...] • Le poids du symbolique est plus fort que le poids du réel: cf. Le travail sur l'onomastique (Justin, Bovary, Lheureux). Flaubert bâtit son récit en fonction d'intentions et d'effets, de significations et de symboles, plus que conformément à un réel. II/ la vérité à défaut de réalité chez Flaubert • Le réalisme en tant que reproduction, duplication obéissante du réel social ou géographique n'intéresse effectivement pas Flaubert. Cf. Comme indice, le refus de la «couleur locale», cf. Ses brouillons. On aurait pu s'attendre à en trouver, cf. [...]
[...] • Ce qui importe davantage à Flaubert, c'est la vérité des tempéraments. Madame Bovary regorge de types, de stéréotypes même (Homais l'arriviste opportuniste, Charles le benêt provincial, Emma la midinette naïve, Rodolphe le séducteur invétéré . ) mais certaines incarnations sont si fortes et visiblement ancrées dans le réel, observées dans la «vraie vie» qu'elles ont servi de support à l'élaboration de nouvelles catégories médicales. Cf. Le Bovarysme (schéma psychique dysfonctionnant et relevant d'une névrose) hérité des traits de caractère cristallisés chez Emma. [...]
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