Caractère bovarique, bovarysme, Madame de Bovary, Moeurs de province, Gustave Flaubert, commentaire de texte
L'extrait que je vais vous présenter aujourd'hui est donc issu de l'oeuvre "Madame Bovary, Moeurs de Province" ; qui met un terme, en 1856, à plusieurs années de travail acharné de la part de Flaubert. Au sein de ce roman, Madame Bovary, le personnage principal, souffre du bovarysme, néologisme de Jules de Gaultier en 1892. Il s'agit d'un état d'insatisfaction affective, sexuelle, sociale, qui conduit le sujet à concevoir des ambitions disproportionnées, impossibles à accomplir à la vue de ses moyens, et que ce dernier cherche à compenser par une attitude de fuite dans l'imaginaire, fuite qui peut prendre des aspects romantiques, alimentés par les lectures, l'art, le rêve. Tout au long du roman, il y a donc une espèce de crescendo dans les manifestations du caractère bovarique d'Emma ; et, dans cette pente de l'esprit, le bal à Vaubyessard vient marquer une acmé, car il est une sorte de rêve réel où, l'espace d'une nuit, elle va vivre la vie qu'elle désire.
[...] Nous pourrions ainsi y voir une sorte de tromperie morale, comme l'accentue la couleur du porte-cigare : le vert est dans le roman, la couleur de la tentation. De plus, cette tromperie est assez récurrente comme l'expose l'adverbe souvent . Ceci indique donc un signe de manque important venant de la part d'Emma et ainsi une facette de son bovarysme. En effet, le bovarysme inclue un sentiment de vide, de manque. Ensuite, aux lignes 4 et 5 ; Elle le regardait, l'ouvrait, et même elle flairait l'odeur de sa doublure, mêlée de verveine et de tabac. [...]
[...] Notons que passion provient de passio, qui au début voulait également dire souffrance . Ainsi, l'un et l'autre, mais surtout l'amour puisqu'il s'agit là d'une métaphore, ne sont que la continuité de souffrances. Ainsi, l'amour est, pour Emma, indissociable de la souffrance. Elle se trouve donc dans une éternelle frustration, comme le veut le bovarysme. Ensuite, aux lignes 14-15 ; Et puis le Vicomte, un matin, l'avait emporté avec lui. Nous observons une continuité de l'imaginaire exposant le fait que le Vicomte, tout comme il a emporté le porte-cigare, a emporté l'amour. [...]
[...] D'autant qu'elle a une relation de plus en plus intime avec ce porte-cigare comme la montre la gradation croissante des verbes affirmant une relation de plus en plus proche. Cette phrase nous fait également remarquer que, peu à peu, elle tombe dans l'imaginaire . comme l'expose la suite du texte. Source d'une rêverie très poussée, comblant le vide et la monotonie (l.7 à 23) Dans le cadre du bovarysme, le personnage ressent un sentiment de vide et d'impuissance, tout en refusant la réalité telle qu'elle est, qui lui paraît décevante. [...]
[...] Ainsi, nous constatons son attrait pour la ville, le luxe, la grandeur, le véritable Amour . digne des romans d'amour, qu'Emma a beaucoup lu. Ainsi, elle n'existe que par référence à un modèle qu'elle n'a pas su abstraire de son contexte livresque. Nous remarquons son emprisonnement dans le bovarysme : elle veut toujours plus, toujours plus grand C'est une éternelle insatisfaite qui ne trouve de bonheur que dans l'abstrait tel que la rêverie, qui ne finit toujours pas expirer comme écrit par Flaubert. [...]
[...] Dans cet extrait, au chapitre IX de la première partie, qui succède au bal, nous retrouvons ainsi le caractère bovarique d'Emma. Nous pourrions ainsi nous demander comment le porte-cigare en soie verte pousse Emma à la rêverie et nous révèle le caractère bovarique d'Emma ? Le porte-cigare : déclencheur de la rêverie et de son caractère bovarique (l.1 à Souvent, lorsque Charles était sorti, elle allait prendre dans l'armoire, entre les plis du linge où elle l'avait laissé, le porte-cigare en soie verte. [...]
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