Le passage étudié, extrait de Madame Bovary de Gustave Flaubert, se situe après le mariage de l'héroïne avec Charles Bovary et juste après un long retour en arrière sur son éducation au couvent : ses aspirations puis sa rencontre déterminante avec la lingère, qui l'initiera à la littérature à l'eau de rose. Le début du chapitre VII se caractérise comme étant l'un des premiers monologues intérieurs, chose nouvelle, il donne ainsi accès au courant de conscience de la jeune femme. On s'aperçoit vite que face à la vie dont elle avait rêvé à travers les livres, son mariage avec Charles la déçoit.
Il s'agit d'abord de se demander s'il pouvait en être réellement autrement ou non. Le rêve de bonheur exprimé dans ce texte n'est-il pas, à l'évidence, compromis d'avance, et pourquoi ? Nous tâcherons ensuite de voir qui Flaubert rend responsable de la pathologie de la jeune femme, qui fait figure d'éternelle déçue, en s'appuyant sur les thèmes présents et les effets de style parfois surprenants. Pour finir, l'on verra quelle poétique Flaubert oppose à ceux dont il parodie la maîtrise du langage et critique les conséquences des œuvres.
[...] Plus qu'évoquer un lieu sur terre le texte renvoie davantage à un carrefour littéraire où se croiseraient tous les lieux communs romanesques de la littérature européenne. Peut-être est-ce cela ce pays aux noms sonores un pays fait de mots, de littérature. En effet, les chalets suisses peuvent évoquer Rousseau ou Madame de Staël. Le cottage écossais rappelle Walter Scott et ses romans historiques dont on sait qu'Emma s'en nourrissait au couvent. Quant aux golfes et aux citronniers, leur présence hétéroclite rappelle l'Italie, les paysages ensoleillés et romantiques. Mais c'est surtout dans le style que Flaubert pointe du doigt le petit romantique. [...]
[...] Il s'agit d'abord de se demander s'il pouvait en être réellement autrement ou non. Le rêve de bonheur exprimé dans ce texte n'est-il pas, à l'évidence, compromis d'avance, et pourquoi ? Nous tâcherons ensuite de voir qui Flaubert rend responsable de la pathologie de la jeune femme, qui fait figure d'éternelle déçue, en s'appuyant sur les thèmes présents et les effets de style parfois surprenants. Pour finir, l'on verra quelle poétique Flaubert oppose à ceux dont il parodie la maîtrise du langage et critique les conséquences des œuvres. [...]
[...] C'est le choix de la facilité, du vague. L'important est donc de considérer ce texte à partir de ceux qui l'ont précédé, de mettre en rapport une individualité (Emma Bovary, ses pensées les plus intimes) avec cet ensemble de textes que le lecteur de l'époque connaît et qui sont désignés comme étant à l'origine des désirs de l'héroïne, de ses troubles, de ce que Flaubert appelle les moisissures de l'âme Se faisant, on comprend que Flaubert pour critiquer le romantisme bon marché plutôt que de faire un pamphlet, préfère que l'énoncé se détruise seul. [...]
[...] Ainsi, les deux points d'exclamation peuvent mimer l'expressivité d'Emma, son émoi, mais ils peuvent aussi être des indices de l'ironie flaubertienne à l'égard des paroles qu'il rapporte. Et si, au début de l'extrait, ce sont seulement quelques mots, ce sont seulement quelques mots, les modalisateurs et la ponctuation qui restent ambigus, à la fin du passage, des phrases entières peuvent poser ce problème, notamment le dernier paragraphe. Cela peut être les paroles d'Emma exprimant ses regrets, toutefois et notamment dans la dernière phrase les mots lui manquaient donc, l'occasion, la hardiesse c'est surtout Flaubert qui se moque de sa difficulté à s'exprimer, de cette excuse qu'elle prend. [...]
[...] Il faut cependant préciser que ce n'est pas directement le mouvement romantique et ses chefs de file que Flaubert attaque, mais, bien davantage, la vulgarisation qui a suivi et les petits romantiques : cette littérature bon marché à l'eau de rose par laquelle Emma a été pervertie au couvent. Les armes de Flaubert sont les fonctions démystificatrice et parodique (dans cet extrait comme d'ailleurs dans l'ensemble du roman). Pour cela, il lui faut utiliser la matière même de du texte romantique. [...]
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