Ce texte est extrait de Madame Bovary, écrit par Gustave Flaubert entre 1851 et 1856. Flaubert, issu de la bonne bourgeoisie normande, n'a alors que trente ans, et, même s'il n'en est pas à son coup d'essai, ce roman remarquable constituera son premier grand succès.
Emma, fille de propriétaire agricole, épouse Charles Bovary, petit médecin de campagne. Enfant, elle s'était laissée séduire par les amours romanesques au contact desquelles elle s'était trouvée lors de ses lectures au couvent. Sa vie sentimentale va beaucoup la décevoir, car Charles (plat, commun et médiocre) est très éloigné de l'idéal masculin qu'elle avait imaginé d'après ses lectures de jeune fille.
C'est justement la médiocrité de Charles qui est mise en avant dans l'extrait proposé. Situé dans le dernier chapitre de la première partie du roman (qui en comporte trois), ce passage intervient quelques jours après le séjour du couple Bovary à la Vaubyessard, chez le marquis d'Andervilliers. La société aristocrate que va y côtoyer Emma va y bouleverser ses envies, et, dès le retour, elle va avoir, elle aussi, envie de Luxe, de Volupté, de Courtoisie… Elle ne trouvera cependant qu'un mari toujours aussi commun et plat, ce qui augmentera son malaise.
En quoi la réussite du mariage entre Charles et Emma est- elle impossible ?
[...] L'idée de fenêtre est également très importante dans le roman : Emma s'y trouve souvent, comme si celle-ci symboliser la quête d'inconnu d'Emma. La fenêtre, pour Emma, c'est un passage de sa condition actuelle (qui l'exaspère) à une nouvelle vie : la Ville, paris, le voyage Troisième mouvement (l.15 à 25) 15 Il prenait, avec l'âge, des allures épaisses, il coupait, au 16 dessert, le bouchon des bouteilles vides ; il se passait, après manger, la langue sur les dents ; il faisait, en 17 avalant sa soupe, un gloussement à chaque gorgée, et, comme il commençait d'engraisser, ses yeux déjà petits, semblaient remonter vers les tempes par la bouffissure de ses pommettes Emma, quelquefois, lui rentrait dans son gilet la bordure rouge de ses tricots, rajustait sa cravate, ou jetait 20 à l'écart les gants déteints qu'il se disposait à passer; et ce n'était pas, comme il le croyait, pour lui ; 21 c'était pour elle-même, par expansion d'égoïsme, agacement nerveux. [...]
[...] Divers procédés d'amplification (énumération, gradation ) sont donc utilisés pour amplifier l'humiliation du pauvre Charles. Cette anecdote vient élargir le fossé existant entre Charles et Emma. Quand Charles lui raconta, le soir, cette anecdote, Emma s'emporta bien haut contre le confrère. Charles en fut attendri, Il la baisa au front avec une larme. Mais elle était exaspérée de honte, elle avait envie de le battre, elle alla dans le corridor ouvrir la fenêtre et huma l'air frais pour se calmer. - Quel pauvre homme! Quel pauvre homme! [...]
[...] Mais elle était exaspérée de honte, elle avait envie de le battre, elle alla dans le corridor 13 ouvrir la fenêtre et huma l'air frais pour se calmer - Quel pauvre homme ! quel pauvre homme ! disait-elle tout bas ; en se mordant les lèvres. [ ] 15 Elle se sentait, d'ailleurs, plus irritée que lui. Il prenait, avec l'âge, des allures épaisses, il coupait, au 16 dessert, le bouchon des bouteilles vides ; il se passait, après manger, la langue sur les dents ; il faisait, en 17 avalant sa soupe, un gloussement à chaque gorgée, et, comme il commençait d'engraisser, ses yeux déjà petits, semblaient remonter vers les tempes par la bouffissure de ses pommettes Emma, quelquefois, lui rentrait dans son gilet la bordure rouge de ses tricots, rajustait sa cravate, ou jetait 20 à l'écart les gants déteints qu'il se disposait à passer. [...]
[...] Elle en 25 eût fait aux bûches de la cheminée et au balancier de la pendule. Comme si Flaubert avait à nouveau prêté sa plume à Emma, les lignes 15 à 18 offrent au lecteur un portrait peu valorisant de Charles en train de manger. Il prenait, avec l'âge, des allures épaisses, il coupait, au dessert, le bouchon des bouteilles vides ; il se passait, après manger, la langue sur les dents ; il faisait, en avalant sa soupe, un gloussement à chaque gorgée, et, comme il commençait d'engraisser, ses yeux, déjà petits, semblaient remonter vers les tempes par la bouffissure de ses pommettes. [...]
[...] Elle en eût fait aux bûches de la cheminée et au balancier de la pendule. En effet, le lecteur, qui pensait qu‘Emma commençait enfin à prêter à Charles de l'attention (surveillant sa garde- robe et lui faisant de temps en temps la conversation), est quelque peu désappointé par la fin de l'extrait. Emma considère en réalité Charles, comme un interlocuteur (ou plutôt comme un auditoire au même niveau que sa levrette ! Lorsqu'elle lui parle, elle n'apprécie en réalité que deux choses en lui : son oreille toujours ouverte (Charles l'écoute sans mot dire, il est un auditoire très docile), et le fait qu'il approuve tout ce qu'elle dise ( il acquiesce le moindre de ses propos car, comme cela est explicité dans un autre passage de Madame Bovary, Charles n'a aucune opinion sur aucun sujet.) Il n'apporte donc en effet rien de plus à Emma , lors de discussions, que sa levrette, qu'une biche ou que le balancier d'une pendule. [...]
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