En 1857, paraît une grande oeuvre qui marque l'époque, Madame Bovary. Le sous-titre "Moeurs de province" nous annonce déjà qu'il s'agit de vies tout à fait ordinaires et banales. Flaubert se livre précisément à la peinture d'une médiocre bourgeoisie provinciale et d'une vie qui se défait sous nos yeux. Emma rêve en effet d'un amour impossible, sous l'influence délétère et perverse des romans sentimentaux, dévorés jadis dans son institution religieuse. Dans ce roman, fruit d'un long travail acharné, et qui atteint d'un seul coup une célébrité remarquable, nous ne trouvons pourtant ni action véritable, ni rebondissements, ni héros à proprement parler. C'est la peinture continue d'une vie mi-campagnarde, mi-bourgeoise, et d'un amour rêvé. La description est devenue omniprésente dans le récit et ne se contente plus d'authentifier la narration (...)
[...] Ainsi, comme nous l'avons déjà entrevu, cette scène constitue la seule cour que Charles ait faite à Emma. De cette façon, l'auteur découvre bien son intention de composer un roman réaliste, où le lecteur ne trouve aucune déclaration d'amour, aucune exaltation ni moment exceptionnel. Tout est placé sous le signe de la plus grande banalité : un jour d'été, un veuf rend visite dans une ferme à une jeune fille qu'il avait déjà vue auparavant. Cette dernière est seule, les épaules nues, dans l'atmosphère chaude et intime d'un après-midi d'été. [...]
[...] Ainsi le lecteur voit-il le monde tantôt à travers la conscience du personnage, tantôt à travers la conscience de l'écrivain. Notons enfin que l'auteur de Madame Bovary se révèle très moderne par cette importance accordée à la description des attitudes et des choses. Il semble rivaliser avec l'art du peintre, lorsqu'il campe Emma dans un clair obscur, telle une ménagère flamande. On pourrait également réaliser une adaptation cinématographique de cette scène en s'appuyant sur les indications de cadrage et de plan fournies par Flaubert. [...]
[...] Nous pourrions dire que le mouvement continu du roman est celui du rêve au réel, de la rencontre à l'échec, de ce qui pourrait être à ce qui est. L'échec constitue peut-être le vrai sujet du roman et l'un des caractères dominants du réel. On ressent profondément l'immense ennui des choses et des êtres, et même une sorte de nausée. La description, comme celle des mouches, suggère le caractère écœurant du réel. Charles se laisse envahir et pénétrer par les choses, la poussière, le cri de la poule, Emma elle aussi est un peu animalisée, déshumanisée lorsqu'un gros plan révèle les gouttes de sueur sur ses épaules nues. [...]
[...] Introduction En 1857, paraît une grande œuvre qui marque l'époque, Madame Bovary Le sous-titre Mœurs de province nous annonce déjà qu'il s'agit de vies tout à fait ordinaires et banales. Flaubert se livre précisément à la peinture d'une médiocre bourgeoisie provinciale et d'une vie qui se défait sous nos yeux. Emma rêve en effet d'un amour impossible, sous l'influence délétère et perverse des romans sentimentaux, dévorés jadis dans son institution religieuse. Dans ce roman, fruit d'un long travail acharné, et qui atteint d'un seul coup une célébrité remarquable, nous ne trouvons pourtant ni action véritable, ni rebondissements, ni héros à proprement parler. [...]
[...] Le détail ajoute encore à la médiocrité du décor, une ferme normande en été. Par ailleurs cette scène nous révèle-t-elle la négligence d'Emma ? Serait-t- elle une fille évaporée, en proie à ses rêves et au souvenir de ses lectures sentimentales de jadis ? De façon plus prosaïque, disons que la vaisselle est remise à plus tard et laissée aux soins de la servante. La dernière phrase de ce premier alinéa nous présente donc le tableau d'Emma, à la façon d'une véritable peinture. [...]
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