Madame Bovary, Flaubert, quête de la parole juste, chaudron fée, parole travaillée, parole poétique, écriture romanesque, romantisme, lyrisme, symphonie, enchâssement des discours, société bourgeoise
Gustave Flaubert, en 1852, écrit : "Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait lui-même par la force interne de son style [...] un livre qui n'aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut". Le roman serait alors, pour son auteur, le lieu d'une parole travaillée pour elle-même et où la fiction ne serait que prétexte, aspect secondaire. L'objet de cet article est donc d'étudier la façon dont se conjuguent et se rejoignent dans le roman de Flaubert, la quête d'une parole poétique, reposant sur l'invention d'une écriture romanesque nouvelle, et la construction d'une fiction reposant sur les actes et surtout les paroles des hommes de son temps.
[...] Le romantisme est ici dans celui des personnages, et en particulier d'Emma qui voudrait vivre comme dans les romans ou les poèmes qu'elle a lus, ce n'est donc pas une marque de la tentation de lyrisme du romancier pris par sa narration. Ces passages traduisent bien la justesse de la parole romanesque dans la création du personnage de fiction qu'est Emma, habitée par ses lectures de jeunesse au couvent. Le romancier fait alors apparaître la voix du romantisme dans son roman pour mieux la rejeter. Éprouver la poésie du texte Le 22 juillet 1852, dans une lettre à Louise Collet : Quelle chienne de chose que la prose Ça n'est jamais fini ; il y a toujours à refaire. [...]
[...] La parole est un instrument de pouvoir Parmi tous les personnages qui manipulent volontairement et habilement la parole, Homais tient une place de choix dans le roman, se montrant orgueilleux, ambitieux et pseudo érudit. Homais se construit par sa parole et il construit le monde autour de lui par sa force de persuasion et de conviction. Le triomphe final du pharmacien, dont le succès clôt le roman, est à cet égard plus éloquent qu'une critique formulée explicitement : "Il vient de recevoir la croix d'honneur.". [...]
[...] Le père Rouault et Charles Bovary, par exemple, ont aimé sincèrement Emma et la petite Berthe, mais jamais le faire entendre réellement. Flaubert rapproche la vie d'Emma d'une nouvelle conception de la destinée écrite non plus par les Dieux, mais par la société elle-même, dans les mensonges de la parole romantique qui ont envahi les rêves de la jeune fille devenue femme, les silences du mari incapable de se faire aimer, les paroles étourdissantes et mensongères des amants, et surtout l'incessant bavardage humain. [...]
[...] Madame Bovary - Flaubert : la quête de la parole juste ou le chaudron fêlé Gustave Flaubert, en 1852 : Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attache extérieure, qui se tiendrait lui-même par la force interne de son style [ . ] un livre qui n'aurait presque pas de sujet ou du moins où le sujet serait presque invisible, si cela se peut . Le roman serait alors, pour son auteur, le lieu d'une parole travaillée pour elle-même et où la fiction ne serait que prétexte, aspect secondaire. [...]
[...] Je crois pourtant qu'on peut lui donner la consistance du vers. Une bonne phrase de prose doit être comme un bon vers, inchangeable, aussi rythmé, aussi sonore . Le romancier aime à vérifier la justesse poétique de ses phrases par l'épreuve de ce qu'il nomme son gueuloir . Flaubert déclame ses textes, les gueule , les fait rugir afin d'en vérifier la solidité, la moralisation apportant pour lui la confirmation de la justesse de la parole écrite. La parole romanesque se doit d'être poétique sans lyrisme et surtout elle tend à être une parole musicale parfaite. [...]
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