A partir de la célèbre tirade de Lucrèce de la scène 2 de la première partie de l'acte II, nous allons voir comment Lucrèce, qui cherchait à redevenir une femme vertueuse, laisse de nouveau place à son côté noir ; et comment cela jouera en sa défaveur. Cette tirade est primordiale dans la pièce puisqu'elle annonce l'issue tragique de la pièce ; Lucrèce ne peut lutter contre son "mauvais ange", et cette tirade en explicite parfaitement les raisons. (...)
[...] Ainisi, d'un point de vue visuel, la tirade se prête d'emblée au rire. Au niveau des comportements également, la tirade est comique. En effet, non seulement la longue phrase où Lucrèce semble perdre le fil de sa pensée en agressant son mari fait sourire, mais d'une manière plus générale, c'est l'inversion des sexes et des rôles dans leur ensemble qui fait rire ici. En effet, c'est Lucrèce qui commande à son mari : je veux que (l. 53) ; et lui, est complètement infantilisé par sa femme, alors qu'il est le détenteur du pouvoir, comme il le rappellera à la scène 4 : vous êtes la femme, la sujette et la servante d'Alphonse, duc de Ferrare, et vous êtes à Ferrare! [...]
[...] Tous les jours, ce sont de nouvelles injures, et jamais je ne vous en vois ému. Est-ce que cette boue dont on me couvre ne vous éclabousse pas, don Alphonse ? Allons, sur mon âme, courroucez-vous donc un peu, que je vous voie, une fois dans votre vie, vous fâcher à mon sujet, monsieur ! Vous êtes amoureux de moi, dites-vous quelquefois ! Soyez-le donc de ma gloire. Vous êtes jaloux ? Soyez-le de ma renommée ! [...]
[...] Lucrèce semble alors désemparée ; elle donne l'impression de ne plus savoir quoi faire pour provoquer une réaction chez le duc, et, à bout, elle le somme explicitement de s'énerver, à la fois suppliante et excédée : Allons, sur mon âme, courroucez-vous donc un peu, que je vous voie, une fois dans votre vie, vous fâcher à mon sujet, monsieur! à 35) Le fait de finir sa phrase par monsieur tout comme elle l'avait fait par exemple dans je vous en préviens, monsieur le duc (l. 23) montre également l'exaspération de Lucrèce, puisqu'étant à la fin de la phrase, cette appellation est placée sous l'accent et porte donc toute la colère de Lucrèce. [...]
[...] ] Ne vous appelez-vous pas Lucrèce Borgia? Ainsi, lors de cette tirade, Lucrèce, en proie à ses émotions, ne contrôle pas parfaitement son langage, comme le prouve la légère faute de personne qu'elle fait lorsqu'elle dit : le nom de votre femme gravé au-dessous de mes armoiroies de famille (l. De plus, elle se livre à des répétitions : Monsieur, monsieur (l.1) ; ceci répété 3 fois dans la même phrase. Ces répétitions prouvent l'importance de sa colère, qui s'amplifie au fur et à mesure qu'elle parle ; comme le prouve, entre autres, la gradation de la première phrase : ceci est indigne, ceci est odieux, ceci est infâme La ponctuation forte, comme les interrogatives, traduit également l'emportement de Lucrèce et laisse a penser que sur scène, ces propos sont criés plus qu'ils ne sont dit. [...]
[...] En effet, elle constitue un moment charnière puisque dans ce monologue de la scène 2 de la première partie de l'acte II, Lucrèce demande à son mari le duc Alphonse réparation pour un affront qui lui a été fait à la fin de l'acte à savoir l'arrachage de la première lettre de son nom gravé sur un mur. Or le spectateur sait que le coupable que recherche Lucrèce est en réalité la personne qu'elle aime le plus au monde, à savoir Gennaro, son fils. [...]
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